Paris: le démontage des grilles du square du Bataclan débute malgré la contestation des riverains

Les grilles entourant le square May-Picqueray, dit aussi "square du Bataclan", dans le 11e arrondissement de Paris, qui fait partie de la promenade Richard Lenoir reliant le canal Saint-Martin et Bastille, ici en juin 2022. - Google Street View
La mairie de Paris a fait scier dans la matinée de ce jeudi 16 mai la totalité des grilles du square situé face au Bataclan, première étape d'un réaménagement contesté par des riverains, associations et opposants politiques.
Les photos envoyées à l'AFP par des membres de l'association "Sauvons Jules et Richard", des riverains qui réclamaient le maintien d'un square fermé pour le protéger d'un usage trop intensif et des incivilités, montrent des ouvriers démontant les grilles, posées au sol ou contre un banc.
Des opposants ont retardé les travaux
La police municipale les entoure. Lundi 13 mai, une trentaine des mêmes opposants au projet avaient réussi par leur présence à retarder le début des travaux. Ils se relayaient depuis pour préserver ces élégantes grilles des années 1990 qui clôturent le square May-Picqueray.
Situé au-dessus du canal, recouvert d'un terre-plein depuis le 19e siècle, cet espace vert abrite la stèle en hommage aux victimes de l'attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan, situé juste en face.
La mairie entend réaménager le terre-plein, un axe de près de 2 km de long, afin de "retrouver" une grande promenade continue entre le canal Saint-Martin et Bastille, sur les boulevards Jules-Ferry et Richard-Lenoir, déjà agrémentés de quatre squares dont May-Picqueray.
Les opposants estiment que cet axe de promenade existe déjà et qu'il suffit de contourner ces squares ou de créer des portillons supplémentaires.
L'association France Nature Environnement Paris, co-présidée par Yves Contassot, ancien adjoint écologiste de l'ex-maire PS Bertrand Delanoë, a déposé deux recours en référé. Les opposants demandaient à la mairie d'attendre l'issue de l'audience, le 22 mai, pour intervenir.
"On casse une partie de ce qui fait l'identité de Paris"
"Arrêtons de détruire ce qui fonctionne bien. On casse une partie de ce qui fait l'identité de Paris", a déploré ce jeudi la députée MoDem Gatel, élue d'opposition, lors d'un point presse en amont du prochain Conseil du Paris.
La maire PS Anne Hidalgo, qui veut ouvrir plusieurs squares de la capitale, a déjà essuyé pareille polémique en 2023 avec les grilles de celui jouxtant la cathédrale Notre-Dame. Elles seront finalement maintenues, mais peut-être déplacées.
Le groupe Changer Paris (LR et apparentés) a dénoncé dans un communiqué un "non-sens écologique et urbain". "Ces grilles et la fermeture nocturne des squares protègent la végétation, évitent les dégradations et actes d'incivilité ainsi que les nuisances sonores nocturnes", affirme le groupe de Rachida Dati.
"Ce n'est pas un passage en force"
La présidente du groupe écologiste Fatoumata Koné a été très critique "d'un passage en force délétère" et a exprimé sa "surprise" la présence de la police municipale. "Je ne vois pas l'urgence", a-t-elle expliqué lors d'une conférence presse.
D'autant que le maire du 11e arrondissement avait annoncé une réunion publique la semaine prochaine pour parler du sujet. Pour elles, "les élus n'ont pas été respectés" par l'exécutif. "J'ai la prétention de croire qu'une ville se dirige avec ses habitants", a-t-elle poursuivi.
"Si nous pouvons le faire, c'est bien parce que nous avons les bases légales pour le faire", affirme Emmanuel Grégoire, le premier adjoint de la maire de Paris lors d'une conférence de presse ce jeudi matin. "Le 'passage en force' peut être jugé moralement comme tel par les opposants, mais pas par tout le monde", s'est-il défendu.
Il ajoute: "Ce n'est pas un passage en force, c'est la mise en œuvre d'un projet qui a été très longuement discuté. (...) Nous avons essayé de trouver, par des voies de débats et de dialogue un moyen de s'en sortir mais à un moment donné, la puissance publique ne peut pas accepter l'idée qu'en s'allongeant au milieu des rails, on empêche le train de rouler".
Plusieurs vœux sont prévus et doivent être débattus la semaine prochaine en conseil de Paris sur l'annulation du retrait des grilles.