Paris: la droite dépose un vœu pour privatiser entièrement la collecte des déchets, l'exécutif refuse

Des déchets entassés le 20 mars 2023 à Paris où les agents de la Ville chargés de la collecte sont en grève - LUDOVIC MARIN © 2019 AFP
Plus de 10.000 tonnes de déchets s'étaient accumulées sur les trottoirs des rues de Paris, au plus fort de la grève des éboueurs en mars dernier contre la réforme de retraites. Depuis cet épisode, où des questions sanitaires avaient été relevées à maintes reprises, la droite parisienne souhaite la privatisation de la collecte des déchets dans la capitale afin d'éviter que la situation ne se reproduise.
Dans un vœu formulé ce mercredi au conseil de Paris, le groupe Changer Paris a demandé 'une "mission d'étude juridique, technique et financière" afin de permettre "la création de lots supplémentaires dans le marché actuel qui concerneraient les arrondissements actuellement collectés en régie". Il a été rejeté par l'exécutif.
Différences de traitement
En mars dernier, pendant une dizaine de jours, les déchets se sont amoncelés dans la moitié des arrondissements parisiens régis par la Direction de la propreté et de l'eau.
Les autres, gérés par des entreprises privées (Derichebourg, Pizzorno, Sepur et Urbapropreté) avaient échappé, pour la moitié d'entre eux, à la grève. Les salariés CGT de Derichebourg et les éboueurs de Pizzorno avait déposé un préavis de grève. La collecte avait ainsi été interrompue au sein des 1er, 2e, 4e, 10e, 15e et 18e arrondissements parisiens.
"Vous avez bel et bien les moyens de faire procéder au ramassage des ordures en cas de mouvement social des agents municipaux. Elle peut en effet solliciter les prestataires privés, qui interviennent dans les autres arrondissements, pour venir effectuer des ramassages dans les autres arrondissements en cas de besoin. Sauf, que là, vous avez de tout évidence estimé qu’il n’y en avait pas besoin, malgré ma demande dès le 1er jour de la grève", a rappelé Geoffroy Boulard, le maire du 17e arrondissement.
"Toutes les rues de Paris n’ont pas été affectées. Dans les 1er, 3e, 4e, 7e, 10e, 11e, 13e, 15e, 18e et 19e arrondissements, ce n’était pas un sujet, ou si peu, car même en cas de mouvement social des salariés des prestataires privés, on a tous pu noter que le non ramassage n’a jamais excédé 48 heures", a-t-il défendu.
"Un système à deux vitesses"
La droite parisienne a également rappelé que plusieurs rapports de la Chambre régionale des comptes ont pointé le fait "que la collecte privatisée était moins chère et plus performante. Cette inégalité de traitement devant le service public appelle que nous remettions à plat ce système daté, à 2 vitesses".
Dans leur voeu, les élus du groupe de Rachida Dati établissement une différence de coût entre un prestataire privé, estimé à 144 euros la tonne, et le service public dont les prix oscillent entre 144 euros pour les déchets résiduels et 344 euros par tonne pour les déchets multimatériaux. "Deviner pourquoi c'est plus cher ? Parce que l'on paie bien et c'est ça que vous ne voulez pas", a rétorqué la conseillère écologique de Paris Léa Vasa.
"Vous n'avez pas compris comment la grève a fonctionné. Les incinérateurs, c'est du privé et ils étaient en grève. C'est aussi à cause de ça qu'il y a eu des problèmes partout dans Paris. Vous vous faites des fantasmes en vous disant qu'il n'y a que le public qui ne veut pas bosser", a-t-elle dénoncé.
Le blocage des incinérateurs privés situés aux abords de Paris avait, aussi, occasionné le non-ramassage des ordures.
Un modèle 'très intelligent"
La maire de Paris, Anne Hidalgo, avait déjà tranché à ce sujet en mars dernier. "Je ne reviendrais pas sur le modèle de Jacques Chirac. Ce modèle est très intelligent", expliquait-elle à ce propos. Et la position de l'exécutif n'a pas changé.
"Nous resterons sur un système mis en place par un ancien maire de Paris qui permet de rester sur une organisation mixte à Paris", a confirmé l'adjointe socialiste en charge de la collecte, Colombe Brossel.
Alors que le maire du 15e arrondissement, Philippe Goujon, a cosigné le vœu, Colombe Brossel a souligné qu'il s'agissait d'un "arrondissement dans lequel, un prestataire privé a lui aussi été affecté par des mouvements de grève ayant entraîné la présence de plus de 1000 tonnes de déchets dans cet arrondissement".
"J'attends avec intérêt, le vœu de municipalisation des services de collecte dans le 15e arrondissement. Il faut de la cohérence", a-t-elle ironisé.