BFMTV
Paris Île-de-France

Où arriveront les cars à Paris après la fermeture de la gare routière de Bercy?

placeholder video
Après les Jeux olympiques de 2024, les arrêts des "cars Macron" pourraient être dispersés en dehors de Paris, de quoi inquiéter certains voyageurs et professionnels du secteur.

Une fois la gare routière de Paris Bercy fermée, après les Jeux olympiques de 2024, les arrêts des "cars Macron" pourraient être dispersés en dehors de Paris: cette perspective évoquée par la municipalité inquiète exploitants et clients de BlablaCar et FlixBus.

Le premier adjoint à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire a justifié début septembre la fermeture de la sinistre gare de Bercy-Seine par les "incivilités liées à l'hyper-fréquentation du lieu", devenu selon lui "un dépotoir" depuis l'arrivée des autocars longue distance en 2017. Plus généralement, "nous ne soutenons pas ce type de mobilités", réservé selon lui aux "gens à faible pouvoir d'achat", dit-il aussi, tout en critiquant le prix élevé du train.

"L'état des toilettes pourrait être un motif de fermeture"

Certains des sept millions d'usagers annuels de la gare routière partagent le constat sur son triste état: "Rien que l'état des toilettes pourrait être un motif de fermeture", déplore Nancy Darnaye en attendant son car pour Rennes. "Certes ce n'est pas cher, mais ce n'est pas propre et pas accueillant."

Si les exploitants d'autocars interurbains espéraient que le site ne ferme qu'à "l'échéance de délégation de service public", après l'été 2026, la mairie de Paris a réaffirmé à l'AFP sa volonté de le fermer "dès la fin des Jeux olympiques de 2024", arguant que le contrat de délégation de service public, attribué à une société contrôlée majoritairement par la ville, ne prévoyait d'accueillir que des cars de touristes à titre de parking et non de gare de transit.

Fin 2024, Bercy-Seine devrait donc retrouver sa fonction initiale de parking pour cars de touristes et les plus de 300 cars de FlixBus et BlaBlaCar qui s'y arrêtent chaque jour devront trouver un nouveau point de chute.

83% des usagers en direction de Bercy

Emmanuel Grégoire se dit favorable à de "petites gares routières sur les grands 'hubs' de transport" comme Orly, Roissy ou Marne-la-Vallée, ainsi qu'à certaines stations du futur métro du Grand Paris. Ces dessertes seraient, selon lui, plus accessibles à l'ensemble de la population francilienne.

Si aujourd'hui 83% des usagers d'autocars arrivant en Île-de-France ont pour destination la gare de Bercy, "il y a un maillage qui est sans doute à renforcer" grâce à ces nouvelles liaisons en métro, estime Patricia Pelloux, directrice adjointe de l'Atelier parisien d'urbanisme.

Du côté des exploitants, on reconnaît volontiers les problèmes de propreté et de sécurité. Mais disperser les arrêts à plusieurs dizaines de minutes de métro ou RER de Paris ne leur apparaît "pas viable".

"On a besoin d'un vrai hub, si possible dans Paris intramuros", explique FlixBus, qui regrette que la mairie ait toujours refusé ses "propositions d'investissement et d'amélioration pour la gare" de Bercy, hormis la création d'une (petite) salle d'attente.

Même son de cloche au sein de BlaBlaCar qui déplore une fermeture décidée "sans concertation avec les opérateurs".

"Une opportunité" ou un plan "idiot"?

L'entreprise veut néanmoins y voir "une opportunité" pour construire "une grande gare routière unique, avec les aménagements nécessaires", dans Paris ou à sa périphérie immédiate comme "dans toute autre capitale européenne".

Pour justifier leur réticence à disperser leurs dessertes au-delà du boulevard périphérique parisien, les autocaristes expliquent que Paris est la destination finale de la majorité de leurs clients.

Selon une enquête menée par la mairie en 2022, 44% des voyageurs prenant un autocar à Bercy viennent de Paris, et la capitale est la destination de 60% des usagers qui s'y arrêtent. Les correspondances concernent "30% de nos passagers", souligne-t-on à FlixBus.

Arrivée de Metz, Maureen Boyer attend son autocar pour Bordeaux. Cette étudiante de 22 ans à qui le voyage n'a coûté "que 21 euros", serait "largement" découragée si elle devait changer de gare entre ses deux cars.

"Si c'est pour faire une heure de transport c'est idiot, surtout si on est chargée comme ça", dit-elle en regardant sa grosse valise.

Un "éclatement" de la gare routière en périphérie serait "péjorant pour le voyageur", avertit Michel Quidort, vice-président de la Fédération nationale des associations des usagers des transports (Fnaut).

"Il faut garder une forte intermodalité avec les autres modes de transport puissants", ajoute-t-il, prenant l'exemple de la gare de Marseille Saint-Charles desservie par les trains, les cars régionaux et le métro.

A. La. avec AFP