Municipales à Villeneuve-Saint-Georges: vers une union de la gauche contre une union de la droite au second tour?

Cinq candidats ont réuni assez de suffrages pour se qualifier au second tour des éléctions municipales de Villeneuve-Saint-Georges, qui aura lieu le 2 février. A gauche comme à droite, les alliances s'avèreront décisives.

Fusions, désistements, accords... L'entre-deux tours d'une élection municipale est régulièrement source de négociations âpres entre les partis politiques. Celles-ci se corsent encore davantage lorsque des enjeux locaux peuvent avoir une portée nationale.

À Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), où le député LFI Louis Boyard est arrivé en tête du premier tour ce dimanche 26 janvier (24,89%), les tractations ont donc rapidement débuté. Elles s'avéreront probablement décisives, puisque cinq candidats sont en mesure de se maintenir au second tour. Elles peuvent aussi fusionner entre elles.

La gauche discute ce lundi

Dès l'annonce des résultats, sur le réseau social X, Louis Boyard a appelé "à l’ouverture de discussions" avec la liste PCF-EELV-PS de Daniel Henry. Ce dernier a remarqué que le député LFI entrouvrait "enfin une possibilité de discussion".

Ce lundi 27 janvier à midi, les deux têtes de listes et leurs colistiers devaient se rencontrer.

"Je lui proposerai l’union pour battre la droite, dans le respect des résultats au 1er tour des élections municipales", avait déclaré Daniel Henry sur X.

Une union complète de la gauche semble donc être sur la bonne voie, mais elle nécessitera l'accord de tous les partis. Une étape importante et loin d'être franchie, d'autant plus que sur le plan national, le Nouveau Front Populaire est en proie à de nombreuses divisions.

Le choix des députés PS de ne pas voter la censure du gouvernement Bayrou le 16 janvier a ravivé les tensions entre les socialistes et LFI.

La volonté des cadres de La France Insoumise de partir à la conquête de plusieurs municipalités en 2026, y compris celles tenues par des maires étiquetés PS, ne facilitera pas non plus les échanges.

À droite, les poids lourds appellent à l'union

La candidature de Louis Boyard, dans une ville plutôt favorable au député (aux Européennes, la liste LFI était arrivée en tête avec 39,2% des voix), avait des allures de ballon d'essai pour LFI. Le parti, qui réalise régulièrement des bons scores aux élections nationales, notamment dans les métropoles, dispose de très peu d'élus locaux.

Sur BFMTV ce lundi, Olivier Faure estimait que "les Insoumis se trompent d'adversaire" en "tapant" sur les socialistes. Il continue tout de même de s'affirmer comme un "partisan du rassemblement de la gauche et des écologistes".

De l'autre côté de l'échiquier politique, les élus de droite appellent à barrer la route à Louis Boyard en réalisant également une alliance. Sur X, Valérie Pécresse a ainsi appelé à un rassemblement derrière Kristell Niasme (LR), arrivée deuxième du 1er tour avec 22,7% des voix.

Le député Renaissance de la 5e circonscription du département, Mathieu Lefèvre, a aussi apporté son soutien à Kristell Niasme. Il estime que l'élection de Louis Boyard serait "un cauchemar". Laurent Wauquiez espère quant à lui un "sursaut" pour "protéger cette ville du péril de l'extrême gauche".

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau s'est également engagé à sa façon. Il a lui aussi appelé à une "union (...) la plus large possible" derrière Kristell Niasme sur le réseau social, afin "de faire battre l’extrême gauche à Villeneuve-Saint-Georges".

Niasme et Gaudin pourront-ils faire table rase du passé?

Cette dernière pourrait ainsi se tourner vers le candidat de l'UDI, parti avec lequel Les Républicains s'allient régulièrement, Eric Colson. Celui-ci a réuni 13,61% des suffrages exprimés. La candidate LR n'avait pas communiqué sur ses réseaux sociaux ce lundi, mais elle a partagé l'appel à l'union de Bruno Retailleau.

Quatrième d'une élection qu'il a lui-même indirectement provoqué après avoir effectué un salut nazi en plein conseil municipal, Philippe Gaudin (DVD) pourrait également se ranger derrière Kristell Niasme.

Les deux personnalités politiques villeneuvoises ont cependant un passif ensemble: ancienne première adjointe de Philippe Gaudin, Kristell Niasme avait démissionné de son poste en novembre 2023 et était passée dans l'opposition, dénonçant au passage les "choix incohérents du maire".

Elle avait été suivie par d'autres adjoints, dont les démissions avaient provoqué cette élection municipale, un an et demi plus tôt que prévu. La loi impose en effet l'organisation de nouvelles élections si le tiers du conseil municipal est vacant.

Le dénouement s'annonce serré dans tous les cas: au 1er tour, environ 1.900 Villeneuvois ont voté pour un candidat de gauche, tandis qu'un peu plus de 2.000 d'entre eux ont choisi un candidat de droite. Le second tour aura lieu ce dimanche 2 février.

Mathias Fleury