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Municipales 2026 à Paris: qui est Rémi Féraud, favori d'Anne Hidalgo pour prendre sa succession?

Rémi Féraud le 13 novembre 2024 lors de la marche en hommage aux victimes de l'attentat du 13 novembre 2015 à Paris.

Rémi Féraud le 13 novembre 2024 lors de la marche en hommage aux victimes de l'attentat du 13 novembre 2015 à Paris. - Ian LANGSDON / POOL / AFP

Soutenu par Anne Hidalgo mais souffrant d'un manque de notoriété, Rémi Féraud compte reprendre la succession de la maire actuelle de Paris et se présenter aux élections municipales en 2026.

Il était encore méconnu il y a quelques heures, mais est désormais projeté sur le devant de la scène. Alors qu'Anne Hidalgo a annoncé dans un entretien au Monde ce mardi 26 novembre ne pas se représenter à sa succession en 2026 à la tête de la ville de Paris, elle souhaite confier la relève au président du groupe Paris en Commun au conseil de Paris et sénateur Rémi Féraud.

"Je le connais bien, je l'apprécie depuis longtemps, il est celui qui va pouvoir porter notre histoire et réinventer un avenir pour Paris", insiste Anne Hidalgo décrivant la "solidité" et le "sérieux" du sénateur.

L'homme de 53 ans, à la réputation discrète, est apprécié en interne mais va désormais devoir convaincre qu'il a la carrure pour devenir maire. Au cœur de l'hôtel de ville, l'entourage d'Anne Hidalgo vante un homme "pas trop clivant", qui sait "négocier et discuter", mais surtout quelqu'un qui a l'expérience pour présider le conseil de Paris.

Élu parisien depuis plus de 16 ans

Bien que méconnu du grand public, Rémi Féraud est pourtant très implanté au sein du PS parisien depuis le début de sa carrière politique.

À seulement 22 ans, et tout juste diplômé de Sciences Po Paris, il adhère au Mouvement des jeunes socialistes avant de faire toute sa carrière au sein de la gauche. Il est un temps adoubé par le maire du 10e arrondissement de l'époque, Tony Dreyfus, pilier de la gauche parisienne pendant des années.

Il lui succèdera en 2008, jusqu'en 2017, et reste depuis élu dans la mairie d'arrondissement. De quoi lui donner de l'élan pour présider le groupe Paris en commun, bras armé d'Anne Hidalgo, depuis 2014 au conseil de Paris. Un mandat loin d'être facile où il a réussi à faire avancer ensemble les écologistes, les socialistes et les communistes, tout en portant la politique d'Anne Hidalgo, sans rechigner.

Des combats similaires à ceux d'Hidalgo

Réputé travailleur, ce parlementaire élu au Sénat depuis 2017 a travaillé au sein de la Chambre haute sur des textes chers à la maire de Paris, comme la fin des avantages fiscaux pour les propriétaires d'appartements Airbnb dans la capitale ou encore le lancement d'un décompte national du nombre de SDF en France, basé sur la Nuit de la solidarité lancée par Anne Hidalgo.

"Il connaît tous ses dossiers, c'est un vrai bosseur. On ne peut vraiment pas le prendre en flagrant délit d'ignorance", assure à BFMTV.com un député PS qui l'apprécie.

L'ex-maire du 10e arrondissement s'est aussi attelé ces dernières années à défendre la cause des Kurdes, alors qu'il fait partie du conseil d'administration de l'Institut kurde de Paris. Il a également pour lui de ne pas avoir peur de cliver. C'est le cas sur l'ouverture d'une salle de consommation à moindre risque dans son arrondissement, rebaptisée par ses opposants "salle de shoot".

"Il a les défauts de ses qualités", nuance un sénateur parisien. "Il est technicien, il peut aller sur des sujets pas faciles mais il passe rarement le mur du son", ajoute-t-il.

Un cruel manque de notoriété

Et pour cause, son principal handicap dans cette campagne parisienne est pour le moment son manque de notoriété. C'est avec ce désavantage que Rémi Féraud va probablement devoir affronter des poids lourds d'envergure nationale, comme Rachida Dati et peut-être même Gabriel Attal, qui envisage l'hypothèse.

Dans un sondage Ipsos pour Le Parisien il y a quelques jours, les Parisiens interrogés ont indiqué qui, selon eux, ferait un bon maire de Paris. Au milieu de neuf personnalités parisiennes, Rémi Féraud peine à la septième place, juste devant Sophia Chikirou et ex-æquo avec Francis Szpiner avec seulement 11% de "Oui".

Par ailleurs, 66% des Parisiens interrogés ont indiqué qu'ils ne connaissaient pas assez le bras armé d'Anne Hidalgo pour donner une opinion à son sujet, le plus haut score parmi les personnalités politiques testées.

"Anne Hidalgo n'était vraiment pas connue et ça ne l'a pas empêchée de gagner en 2014", juge cependant l'un des fervents soutiens de Rémi Féraud dans la capitale.

De quoi pousser Emmanuel Grégoire, ex-premier adjoint d'Anne Hidalgo et un peu plus identifié que Rémi Féraud, à croire en ses chances. Il a par ailleurs appelé le protégé d'Anne Hidalgo la semaine dernière pour l'informer de sa candidature.

"Il n'y a pas d'animosité" entre les deux candidats, assure de son côté l'entourage d'Anne Hidalgo à BFM Paris Île-de-France.

Les deux hommes se connaissent bien et semblent avoir des destins politiques souvent liés. En décembre 2018 par exemple, lorsqu'Emmanuel Grégoire démissionne de son poste de premier secrétaire de la fédération PS de Paris pour devenir premier adjoint à la maire, c'est Rémi Féraud qui reprend alors le flambeau.

"Ça ne va pas être du gâteau"

L'actuelle maire de Paris, quant à elle, ne laisse pas le doute sur à qui revient son soutien. "Rémi a vocation à devenir le prochain maire de Paris", a-t-elle déclaré auprès du Monde.

"Mais ça n'est pas moi qui décide, je n'impose rien, je donne simplement une indication. Ce sera aux militants socialistes parisiens d'en décider", a-t-elle ajouté. Un processus interne sera organisé par la fédération PS pour désigner le candidat à la mairie de Paris.

Auprès du Parisien, Emmanuel Grégoire rappelait la semaine dernière que "Paris n'est pas un héritage", et que "ce seront d'abord les militants socialistes puis les Parisiens qui décideront".

Charge donc désormais à Rémi Féraud de convaincre les militants socialistes de remporter la majorité des voix dans cette désignation interne. "Ça ne va pas être du gâteau", tance déjà un socialiste.

Marie-Pierre Bourgeois, avec Nicolas Dumas et Juliette Moreau Alvarez