La manœuvre d'Anne Hidalgo pour révéler le "manque de respect" de Rachida Dati au Conseil de Paris

Nouvelle passe d'armes entre Anne Hidalgo et Rachida Dati au Conseil de Paris. Lassée par les commentaires "permanents" de la maire du 7e arrondissement pendant les prises de parole des autres élus, la candidate à l'élection présidentielle a décidé mardi de laisser le micro de son ancienne rivale dans la course aux municipales ouvert pendant toute la séance.
"Souvent, les Parisiens qui sont à distance ne profitent pas des paroles de Madame Dati", a affirmé Anne Hidalgo avec ironie.
L'édile souhaite qu'ils "puissent voir comment les choses se déroulent dans ce Conseil" et constater "parfois, le manque de respect qui consiste à arriver en retard et à ne pas écouter les orateurs". "Et bien, comme ça, on va dénoncer tous vos mensonges", lui a rétorqué Rachida Dati.
"Faut arrêter le crack"
Anne Hidalgo a alors repris le fil de son discours, dont la quasi-totalité des éléments ont été commentés par Rachida Dati, rendant le tout inaudible. Quand la maire de Paris indique que le budget présenté en décembre sera toujours "aussi volontariste", l'ancienne Garde des Sceaux réplique: "et déficitaire".
Anne Hidalgo a poursuivi sans broncher et Rachida Dati a continué, tout en lisant son journal, à lui adresser des piques. "Faut arrêter le crack", a intimé la maire du 7e arrondissement à la socialiste, rebaptisée "chouchoute".
L'édile a malgré tout souhaité réitérer l'expérience ce mercredi. "Comme hier, j'avais proposé, sans prendre en traître, que l'on puisse entendre les propos de Madame Dati au micro, ce qui d'ailleurs a fait prendre conscience à un certain nombre de Parisiens et de commentateurs du niveau des interventions, je propose aujourd'hui de procéder de la sorte", a-t-elle déclaré sous quelques applaudissements.
Un comportement "peu respectueux"
La majorité municipale dénonce une attitude indécente et un manque de respect récurrent de la part de Rachida Dati. La maire d'arrondissement "passe son temps à invectiver, insulter, lancer des noms d'oiseaux à tort et à travers. Son comportement est peu respectueux de la démocratie, pas respectueux de ses collègues", estime Rémi Féraud, président du groupe Paris en Commun.
Pour ses soutiens, Rachida Dati prend tout simplement très à cœur son rôle d’opposition à la majorité. "Elle le fait dans l'intérêt des Parisiens et, bien sûr, nous comprenons qu'Anne Hidalgo préférerait ne pas avoir d'opposition", défend Nelly Garnier, conseillère du groupe Changer Paris.
Pas "une estrade de tribune présidentielle"
D’autres élus assimilent désormais le Conseil de Paris à une cour de récréation. À la suite de la dernière séance, les élus Modem et Indépendants et Progressistes avaient envoyé un courrier à la maire de Paris pour lui demander la tenue d'une réunion pour apaiser les tensions.
"Le Conseil de Paris, ce n'est pas une estrade de tribune présidentielle. Les gamineries des uns et des autres, je considère que ce n'est pas au niveau de ce qu'attendent de nous les Parisiens", regrette Maud Gatel, présidente du groupe Modem au Conseil de Paris.
Anne Hidalgo a répondu via un courrier, soutenant que la tenue de débats implique forcément des échanges musclés. L'édile estime en outre que la conférence d’organisation du Conseil, qui se tient chaque mois, suffit à régler les conflits.