Tensions avec les Verts, échange Dati-Brossat… La semaine agitée d'Anne Hidalgo au Conseil de Paris

C'est une semaine très mouvementée qu'a vécu Anne Hidalgo au Conseil de Paris. Alors que la maire de la capitale a été investie officiellement candidate du parti socialiste à l'élection présidentielle ce jeudi soir, elle a dû faire face à de multiples attaques dans l'hémicycle parisien. Retour sur ces tensions.
· Des tensions avec ses alliés écologistes
Pourtant alliés au sein de l'Assemblée, Anne Hidalgo et les élus écologistes n'ont pas manqué de s'écharper cette semaine. Le principal point de tension entre les deux groupes a été provoqué par le choix de la maire de Paris d'effectuer un seul discours global intégrant l'ensemble des sujets liés à l'écologie.
Une décision réduisant par conséquence le temps de parole accordé aux différents groupes sur chaque thématique spécifique et qui a suscité la colère des écologistes.
"Nous priver de débat approfondi, c'est ne pas prendre la mesure de l'urgence environnementale. Nous priver de débat approfondi, c'est ne pas avoir compris les attentes des Parisiennes et des Parisiens sur ces sujets", a notamment soutenu la présidente du groupe EELV Fatoumata Koné.
· “Vous préférez vous faire applaudir par les Républicains?”
Les élus écologistes ont également regretté de ne pas avoir le temps d'évoquer davantage le "plan arbres" défendu depuis plusieurs mois par les membres d'EELV. Les écologistes souhaitent "des moyens financiers et humains à la hauteur de ce plan" qui prévoit de planter 170.000 arbres en cinq ans dans la capitale. Mais pour la conseillère EELV Chloé Sagaspe, ce plan a été "noyé" dans une grande communication environnementale.
"On peut se demander si elle ne répond pas davantage à des fins médiatiques et électoralistes plutôt qu'à de véritables ambitions écologiques pour les Parisiennes et les Parisiens" s'est interrogée la conseillère écologiste, sous les applaudissements de quelques membres de l'assemblée.
Les écologistes ont également dénoncé "le manque d'ambition" de la maire de Paris sur certains sujets environnementaux. Anne Hidalgo s'est insurgée de ces attaques de la part de ses alliés et leur a sèchement répondu lors de la séance.
" Je suis très surprise de ne pas trouver dans votre propos, la moindre référence au plan de relance du gouvernement. L'Etat n'est pas au rendez-vous et ça ça ne vous choque pas? Vous préférez vous faire applaudir par les Républicains et ça ça ne vous choque pas?", a lancé la maire à l'adresse de la présidente du groupe EELV, Fatoumata Koné.
Le groupe Les Républicains n'a pas non plus épargné Anne Hidalgo, surtout par l'intermédiaire de sa présidente de groupe Rachida Dati. Comme les écologistes, elle a accusé la maire de Paris, officiellement candidate à l'élection présidentielle depuis le 12 septembre, de se servir de ses prises de parole au Conseil de Paris pour sa campagne.
"Devant la faiblesse de votre candidature, le Conseil de Paris devient une tribune à votre campagne désespérée et désespérante", a taclé Rachida Dati.
Celle-ci n'a pas hésité à pointer du doigt le faible score que récolte actuellement Anne Hidalgo dans les sondages pour l'élection présidentielle. "Vous êtes à 4%, abonnée à 4%, et vous n'irez pas plus loin", a égratigné la maire du 7e arrondissement. Selon un récent sondage BVA pour RTL et Orange, dévoilé ce jeudi, la maire de Paris est en effet, créditée de 4% des intentions de votes pour l'élection présidentielle.
De l'autre côté de l'assemblée, la conseillère LFI de Paris Danielle Simonnet a interpellé la maire de Paris lui demandant à plusieurs reprises de ne pas lui "couper la parole", et d'accepter "d'entendre ceux qui ne sont pas d'accord" avec elle. "Ne vous faites pas mon porte-parole", lui a rétorqué Anne Hidalgo.
Un autre point de tension a émaillé le Conseil de Paris de ce mercredi. Un vif échange a opposé Rachida Dati à l'adjoint au logement d'Anne Hidalgo, Ian Brossat. Lors d'une intervention sur les problèmes d'assurance habitation rencontrée par un habitant, l'adjoint a été coupé dans sa prise de parole par la présidente du groupe d'opposition. L'élu PCF n'a alors pas hésité à prendre à partie Rachida Dati.
"Même quand j'étais prof à Sarcelles les élèves se taisaient donc vous allez faire pareil", lui a lancé Ian Brossat.
Cette phrase a suscité l'indignation de Rachida Dati qui a quitté l'hémicycle après cet échange. Anne Hidalgo a ,elle, tenté de faire respecter l'ordre dans une assemblée agitée.
"Je crois que ça n'amuse personne et il n'y a pas grand monde qui attend des responsables politiques qu'on fasse le cirque", a lancé Anne Hidalgo aux membres de l'hémicycle.
De nombreux élus républicains se sont également insurgés des propos de Ian Brossat qu'ils ont jugé discriminatoires et méprisants. La fédération LR de Paris a d'ailleurs publié un communiqué demandant des excuses publiques de Ian Brossat à Rachida Dati.
Tous ces échanges tendus au Conseil de Paris sont intervenus la veille de l'investiture officielle d'Anne Hidalgo par le parti socialiste comme candidate à la présidentielle. À désormais six mois de l’élection, les écologistes ont eux aussi désigné dernièrement leur propre candidat Yannick Jadot. L'élection présidentielle pourrait donc s'inviter à nouveau dans les discussions au Conseil de Paris d'ici au mois d'avril.