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"J’attends des réponses et je ne vois rien venir": la mère d'Elias prend la parole quatre mois après le meurtre de son fils

Des fleurs ont été déposées par les habitants du 14e arrondissement de Paris, devant le centre sportif Jules-Noël où Elias, 14 ans, a été mortellement poignardé vendredi 24 janvier 2025.

Des fleurs ont été déposées par les habitants du 14e arrondissement de Paris, devant le centre sportif Jules-Noël où Elias, 14 ans, a été mortellement poignardé vendredi 24 janvier 2025. - BFMTV

Quatre mois après avoir perdu son fils Elias, mortellement poignardé à la sortie de son entraînement de foot à Paris, sa mère Stéphanie a écrit une lettre ouverte publiée par Le Figaro ce dimanche 25 mai.

Il y a quatre mois, Elias laissait derrière lui un grand frère et une grande soeur, une petite amie, mais également un père et une mère. En ce jour de fête des mères qu'elle ne pourra passer qu'auprès de deux de ses trois enfants, Stéphanie se souvient de son fils de 14 ans, "un adolescent gentil, vraiment gentil, joyeux, beau et fort. Aimé et aimant".

Dans une lettre ouverte publiée dans Le Figaro ce dimanche 25 mai, elle se souvient de ce jour où son fils a été tué. Il a été poignardé en sortant de son entraînement de football au stade Jules-Noël, dans le 14e arrondissement de Paris.

"Comme chaque vendredi, Elias doit me téléphoner. [...] Le vendredi 24 janvier 2025, un peu avant 20h, ce n’est pas Elias qui m’a appelée, mais son meilleur ami pour me dire qu’Elias était à terre et qu’il avait été poignardé avec une machette", écrit Stéphanie.

"J'ai pu m'allonger contre mon enfant"

"Je suis arrivée en courant en moins de 10 minutes. Tout le monde était là, les pompiers, les membres du Samu, les policiers. J’ai pu m’allonger contre mon enfant. L’embrasser, lui parler, le rassurer, lui dire que son papa arrivait. Elias respirait difficilement", se souvient-elle. L'adolescent est mort le lendemain, à l’hôpital Necker, des suites de ses blessures.

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Elias, 14 ans, poignardé à mort pour un téléphone
11:13

Après le temps des souvenirs, viennent les questions: "Mais qui s’est moqué d’Elias?" Dans sa lettre, Stéphanie questionne la responsabilité, tout d'abord de "ces deux adolescents de 16 et 17 ans, qui en toute impunité, depuis 2021 réitèrent des vols avec violence", ou bien "leurs parents et l’instabilité des cellules familiales".

Comme elle l'explique, les adolescents, nés en mai 2007 et août 2008, sont connus de la justice. Ils avaient interdiction d'entrer en contact l'un avec l'autre. Au moment de l'agression, ils étaient pourtant ensemble. Ils ont ensuite été mis en examen et placés en détention provisoire.

"Les juges des enfants qui ordonnent à deux reprises (en 2023 et 2024) une interdiction d’entrer en contact des deux délinquants, sans vérifier leurs adresses et sans s’apercevoir qu’ils habitent dans la même résidence ?", a donc questionné la mère d'Elias.

Sa maman attend "des réponses"

Dans la suite de son écrit, elle pointe du doigt "cette maire qui n’a pas jugé bon de sécuriser les abords du stade qu’elle savait mal fréquentés", mais aussi "les médias qui n’ont pas eu l’honnêteté d’écrire les mots machette et hachette, [...] en écrivant qu’Elias a refusé de donner son téléphone portable".

Elle s'adresse également aux différents ministres de la Santé, de l’Éducation nationale, de la Justice, de l’Intérieur qui "n’ont pas pris la mesure depuis des années de la dérive d’une partie de la jeunesse, de son ensauvagement, de l’impact des réseaux sociaux et de la banalisation de la violence chez les adolescents entre eux et contre eux-mêmes".

Et de terminer son questionnement: "Qui se moque d’un joueur de foot qui rentre d’un entraînement, comme des milliers de jeunes en France? Qui se moque d’un adolescent parisien de 14 ans qui est un frère, un petit-fils, un cousin, un ami, un amoureux?"

"Depuis quatre mois j’attends des réponses et je ne vois rien venir. [...] Je tente de survivre à l’absence de mon fils Elias, à ses 'coucou maman', à ses 'bisous maman', à cette carte et à ce petit cadeau que je n’aurai pas pour la fête des mères. Je patiente", a conclu Stéphanie.

Maïwenn Furic