Gynécologue accusé de violences à l'hôpital Tenon de Paris: une victime témoigne

Son témoignage vient s'ajouter à la longue liste des accusations portées contre le gynécologue Emile Daraï. Le regard fixe, Jade s'efforce de mettre les mots sur ses douloureuses réminiscences. Sa description fait écho avec celles des autres victimes présumées, faisant état des violences gynécologiques et autres actes "brutaux" perpétrés sur les patientes par ce professeur réputé de l'hôpital Tenon, à Paris, et spécialiste de l'endométriose.
Jade est encore mineure quand elle consulte le Professeur Emile Daraï. L'adolescente de 16 ans souhaite voir prendre en charge la tumeur qui s'étend à son ovaire gauche.
"D’un coup, il m’a rentré le spéculum sans mon accord. J’étais très mal et en larmes à cause de la douleur. Lors d’une autre visite, j’ai eu la chance de tomber sur un super médecin pour mon opération. Il m'a dit que cet examen gynécologique n’était pas du tout nécessaire. Je me suis rendu compte que ce que le médecin m’avait fait était bizarre", soupire Jade.
Les souvenirs de Jade se confondent avec les dires de la vingtaine de victimes qui accusent le Professeur Daraï. Sselon le collectif Stop aux Violences Obstétricales&Gynécologiques, ce dernier "sévit depuis des années", alors qu'une enquête pour viol par personne ayant autorité sur mineur de plus de 15 ans a été ouverte mardi et confiée à la brigade des mineurs.
Un rassemblement pour demander une suspension directe
Alors, le mot d'ordre se faisait clair, ce samedi, à l'occasion du rassemblement organisé face à l'hôpital Tenon, situé dans le 20e arrondissement de la capitale: les associations rassemblées réclamaient le départ pur et simple du gynécologue incriminé.
"Ce qu'on voudrait, c'est que cette personne soit suspendue. On ne peut pas accepter que les violences continuent", s'exaspère une militante du collectif Droits des femmes.
Pour Claire Charlès, porte-parole du collectif Les Effrontées, présent lors de cette réunion de soutien qui a regroupé une soixantaine de personnes, ce rassemblement doit encourager les victimes de violences obstétricales à prendre la parole:
"Les femmes sortent de là dans tous leurs états, mais elles ont toujours cette impression que cela est peut-être normal, après tout. Donc, elles vont intérioriser, enfouir, ne pas en parler. Ce qui est vraiment génial avec ce mouvement, c’est qu’on est en train de dire: 'non, ce n’est pas normal'", martèle Claire Charlès.
Pour l'heure, Emile Daraï continue à démentir les faits qui lui sont reprochés.