Explosion rue de Trévise: le Conseil de Paris vote à l'unanimité l'accord sur l'indemnisation des victimes

Ce lundi, le Conseil de la mairie de Paris a voté à l'unanimité l'accord-cadre qui prévoit 20 millions d'euros d'indemnisation pour les victimes de la rue de Trévise. "C'est la première fois dans l'histoire du droit de l'indemnisation, qu'une collectivité publique participe à une indemnisation publique", s'est félicitée la maire de Paris Anne Hidalgo.
Il s'agit d'une "décision inédite" qui s'est faite "sans attendre les conclusions du procès pénal qui établira les responsabilités" et afin de "venir en aide à celles et ceux dont le drame a bouleversé leur vie", a déclaré la candidate socialiste à la présidentielle.
Une explosion mortelle
Le 12 janvier 2019, au 6 rue de Trévise dans le 9e arrondissement de Paris, une explosion a provoqué la mort de 4 personnes, deux femmes et deux pompiers qui intervenaient sur les lieux. 66 personnes ont aussi été blessées et 400 riverains sinistrés.
"Cela fait trois ans que nous attendions ce jour", avait réagi sur BFM Paris un peu plus tôt dans la journée Linda Zaourar, de l'association des victimes et rescapés de l'explosion de la rue de Trévise.
"Trois ans, c'est long pour les victimes"
Les rescapés et victimes de la rue de Trévise sont "soulagés", car l'accord a mis beaucoup de temps à se mettre en place. Si l'idée germe dès janvier 2020, il faut attendre septembre afin que l'État et la mairie valide le principe.
Puis, plus d'un an plus tard, en octobre 2021, la mairie acte un provisionnement de 20 millions d'euros. Et enfin, ce lundi, le Conseil de Paris valide l'accord. "Trois ans, c'est long pour les victimes, pour tout le monde", estime Linda Zaourar.
La mairie de Paris avait initialement refusé de mettre en place cet accord, inquiète que cela revienne à une reconnaissance de faute. La ville a, en effet, été mise en examen dans le volet pénal de cette affaire.
Les critiques de l'opposition
Les responsabilités seront établies lors du procès qui se déroulera au plus tôt en 2023. "Indemniser les victimes avant même la tenue du procès" est une victoire pour Anne Hidalgo. Toutefois, certains de ses adversaires politiques ne partagent pas son enthousiasme.
"L'impression donnée par la ville de Paris fût malheureusement celle d'une collectivité locale plus inquiète de son éventuelle responsabilité que d'apporter une écoute et des réponses concrètes et rapides à la hauteur de ce drame", a regretté Maud Lelièvre, élue du groupe modem démocrates et écologistes.
Plus sévère, Rachida Dati a estimé que se réjouir de cette "innovation juridique" était "indécent". "Je ne vous rejoins pas Madame la maire sur votre satisfaction. Non, notre satisfaction aurait été que l'entretien du réseau de gaz soit fait pour éviter cette catastrophe", a tancé la maire LR du 7e arrondissement de Paris.
Le regret de ne "pas avoir réussi à aller plus vite"
De leur côté, les Verts et la France Insoumise ont salué l'accord tout en regrettant qu'il ait mis autant de temps à arriver. Emmanuel Grégoire, le 1er adjoint à la mairie de Paris, s'est adressé aux victimes et aux familles de victimes.
"Je veux leur dire mes regrets de ne pas avoir réussi à aller plus vite" a-t-il indiqué, faisant part d'une "forme de honte à devoir se justifier avec des arguments juridico-administratifs comme si le filet de ces difficultés était une peine de plus imposée aux victimes", a-t-il déclaré.
"J'espère tout simplement qu'avec cette étape, les victimes et rescapés pourront commencer à se reconstruire et nous essayerons d'être à leur côté", a-t-il conclu.