"On doit se battre au quotidien": deux ans après l'explosion de la rue de Trévise, la lente reconstruction des rescapés

Il y a deux ans jour pour jour, un souffle, une détonation, secouaient la rue de Trévise, dans le 9e arrondissement de Paris. L'horloge venait de sonner 9 heures quand le drame, causé par une fuite de gaz, est survenu. Quelques secondes qui ont causé la mort de quatre personnes - dont deux pompiers - et fait basculer la vie de tant d'autres. Entre séquelles physiques, dommages psychologiques et demande de reconnaissance, les rescapés tentent aujourd'hui de se reconstruire.
Le souvenir est encore vif et douloureux pour Ameroche Tahir, employé de maintenance dans l'un des hôtels frappés par la tragédie. Il fait partie des 66 blessés du 12 janvier 2019 et porte encore les séquelles de l'explosion. "J'ai un trou dans le ventre de 56 cm par 23, indique-t-il au micro de BFM Paris en relevant son t-shirt montrant sa cicatrice. Et poursuit: "J'ai le bras cassé, l'os sort".
Les semaines et les mois qui ont suivi l'accident ont été particulièrement délicates, rembobine l'homme de 54 ans. "Bouger, faire à manger, même aller aux toilettes: c'était une galère". Heureusement, Ameroche Tahir a pu compter sur ses enfants et ses amis pour traverser cette épreuve.
"Je serai peut-être mieux mort"
Mais il paye encore aujourd'hui le prix de ses blessures. "Me lever simplement, bouger les jambes, porter vingt kilos... Ça, c'est impossible, souffle-t-il. Depuis l'accident, j'ai l'impression d'avoir vieilli de 20-25 ans en moi. Il y a des moments, je me suis dit: je serai peut-être mieux mort".
Ameroche Tahir est de surcroît confronté au retour perpétuel des images de l'explosion. Et ne dort qu'"une heure ou deux par nuit: "Je me réveille. Je revois la scène. Ça sent le bois brûlé. J'ai l'impression qu'il y a le feu chez moi. Parfois, j'entends comme des pétards".
De son esprit, c'est le sourire de Laura, une touriste espagnole arrivée la veille et décédée dans l'explosion, que Linda Zaourar ne pourra effacer. "C'est la première fois qu'elle sortait d'Espagne. Son mari lui a fait une surprise, se remémore la directrice des hôtels Ibis Style et Mercure de la rue de Trévise. Quand elle est arrivée, elle était radieuse. Et le lendemain, vous la voyez en train d'être réanimée par les pompiers. Elle décède quelques heures après."
L'attente d'une indemnisation
Pour se reconstruire, les victimes ont monté une association pour être reconnues comme telles. "On doit se battre au quotidien pour une reconnaissance. Deux ans après, on n'a pas avancé, fustige Linda Zaourar. On a vraiment l'impression d'être mis de côté".
Le 28 octobre dernier, Anne Hidalgo avait pourtant garanti à l'association la mise en place d'un fonds d'indemnisation, avec l'aide du gouvernement. Les victimes l'attendent toujours.