"Moralement c'est très dur": le calvaire des victimes de l'explosion rue de Trévise, trois ans après

Trois ans jour pour jour. Le samedi 12 janvier 2019, une fuite de gaz provoque une explosion rue de Trévise, dans 9e arrondissement de Paris. Quatre personnes meurent et 66 autres sont blessées, certaines gravement.
C'est le cas d'Inès, une jeune femme qui travaillait à l'hôtel situé en face de l'explosion au moment des faits. Blessée aux jambes, elle a longtemps cru qu'elle n'allait plus pouvoir remarcher.
"J'ai réussi à lire mon dossier médical où il était écrit noir sur blanc 'Inès ne remarchera plus jamais donc il faut lui apprendre à utiliser le fauteuil' (...). Je suis restée quatre jours dans le lit à pleurer, pleurer, pleurer", témoigne la jeune femme au micro de BFMTV.
Puis un matin, Inès réussit à faire quelques pas: "je me lève, je prends le fauteuil roulant, je descends et je me mets entre les deux barres pour marcher (...). Je fais un pas, deux pas, trois pas et je me remets sur mon fauteuil. (...) Je me relève, j'arrive à faire l'aller-retour." Aujourd'hui, la jeune femme en est à sa quarantième opération et réapprend petit à petit à marcher.
"Trois ans de blabla"
Mais ces nombreuses opérations coûtent cher et trois ans plus tard, les rescapés de l'explosion n'ont toujours pas été indemnisés. Or cette aide est primordiale pour les blessés car les actes médicaux ne sont pas tous pris en charge.
L'estimation totale des préjudices immobiliers et corporels s'élève à 200 millions d'euros. Un accord-cadre vient tout juste d'être trouvé ce lundi et la ville de Paris va débloquer 20 millions d'euros. Pour les victimes, cette aide arrive bien tard.
"C'est trois ans de blabla que je dénonce. C'est un besoin vital: on ne peut rien payer sans, on arrive à rien faire, on ne joint pas les deux bouts. Des fois, on est obligé d'abandonner nos soins, de décaler des opérations parce qu'on ne peut pas les payer. On n'est pas victime de ce qu'on a subi. On est victime de l'abandon des trois ans et du fait que personne ne nous aide à payer ce qui faut payer", affirme Inès au micro de BFMTV.
"Lamentable"
Même son de cloche chez Odile, 81 ans qui était dans son appartement rue de Trévise au moment de l'explosion. Elle a perdu son mari deux mois après le drame et habite désormais avec son petit-fils sur Paris. Elle dénonce l'impact sur le moral de cette longue attente et l'inaction de la mairie de Paris, mise en examen dans cette affaire.
"Ce qu'on attend maintenant c'est qu'on puisse un petit peu nous aider financièrement puis moralement. Moralement c'est très dur, surtout ça a été trop long. La mairie de Paris a été vraiment lamentable. Hidalgo, elle est inhumaine cette femme", déclare Odile à BFM Paris.
Une cérémonie d'hommage aux victimes se tient ce mercredi rue de Trévise. Un moment "important" pour Dominique Paris, la présidente de l'association Trévise Ensemble, car les blessures, physiques et mentales, sont toujours bien présentes pour les victimes. Outre les blessés, de nombreux riverains restent marqués: "On parle de 400, 600, 800 victimes qui sont elles en post-trauma et qui n'oublieront jamais ce 12 janvier 2012", conclut-elle.