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Meurtre de Louise: comment gérer le traumatisme pour les élèves du collège de la victime

Des fleurs et une photo de Louise devant le collège André-Maurois, à Épinay-sur-Orge, le 8 février 2025, après la découverte du corps de cette élève de 11 ans dans un bois.

Des fleurs et une photo de Louise devant le collège André-Maurois, à Épinay-sur-Orge, le 8 février 2025, après la découverte du corps de cette élève de 11 ans dans un bois. - JULIEN DE ROSA / AFP

Après le meurtre de Louise, jeune collègienne de 11 ans dont le corps a été découvert ce samedi 8 février dans un bois à Épinay-sur-Orge, une cellule psychologique va intervenir au collège André-Maurois ce lundi 10 février.

Deux jours après la découverte du corps de Louise, âgée de 11 ans, dans un bois, les élèves du collège André Maurois, à Épinay-sur-Orge retournent en cours, ce lundi 10 février. Durant la journée, une cellule psychologique va intervenir auprès des élèves.

La première heure de la journée scolaire est banalisée jusqu'à 9h30 pour que l'équipe pédagogique puisse préparer la cellule d'écoute et d'accueil des collégiens, tandis que le recteur de Versailles, Etienne Champion sera présent au collège dès l'ouverture.

L'importance de se confier

"Il va y avoir plusieurs degrés d'impact traumatique" indique la docteure Marilyne Baranes, experte judiciaire et spécialiste du traumatisme, sur BFMTV. Des enfants pourraient ainsi avoir "des réactions aigües", qui se manifestent par des pleurs, des cauchemars, le fait d'être agité ou au contraire sidéré. "J'engage tous les parents à amener leurs enfants à venir parler aux cellules d'urgences psychologiques sur place, de dire ce qu'ils ont ressenti et imaginé."

Une prise en charge dès ce lundi "permet aux jeunes ou aux proches d'exprimer ce qu'ils ressentent, verbaliser pour ceux qui le peuvent l'expression de la violence, c'est extrêmement important de le faire auprès d'une équipe spécialisée", souligne la psychologue Laure Westphal, au micro de BFMTV. "Je crois que dans l'ensemble beaucoup de parents ont compris l'intérêt d'effectuer cette rentrée demain", témoigne Leïla Hadjadji, représentante de l'association des parents d'élèves.

Le rôle des parents

Pour la psychologue Johanna Rozenblum, l'ouverture du collège dès ce lundi matin est "extrêmement pertinente" afin "d'éviter" d'en faire "une zone sinistrée". Les collégiens vont pouvoir durant la journée être reçu individuellement ou en groupe afin de recueillir leurs paroles "pour ceux qui ont besoin de parler" ou "seulement leur permettre éventuellement d'écouter pour être rassuré, pouvoir entendre la parole qui se libère, faire de la prévention", poursuit la consultante de BFMTV.

Face à la double angoisse, d'un ou des meurtriers toujours en fuite et de la gestion des émotions, Johanna Rozenblum insiste sur l'importance des parents. "Il n'y a pas d'enfants sécurisés sans parents qui parviennent à les rassurer. Une prise en charge des enfants et des parents qui vont devoir faire face, en apportant des réponses, en essayant de trouver un maximum d'énergie pour eux-mêmes, gérer leur propre anxiété et rassurer leurs enfants."

"À l'école, il va s'agir d'innover"

En plus de la cellule psychologique, un travail est à faire dans les familles et à l'école, complète Laure Westphal. "À l'école, il va s'agir d'innover", ajoute la psychologue, qui évoque des temps de parole, d'échange, des minutes de silence ou le fait de proposer aux élèves de poser leurs questions. Pour le cadre familial, Laure Westphal conseille aux parents de "parler de ça ensemble, dans l'intimité".

"L'angoisse, c'est le vide", assure Marilyne Baranes. "Nous ne pouvons pas remplir ce vide parce que pour l'instant l'enquête n'a pas donné suffisamment d'éléments pour comprendre ce qu'il s'est passé. On va avoir tendance à remplir ce vide avec des images extrêmement anxiogènes et qui vont déclencher des comportements d'insomnie ou de tristesse."

Laure Westphal enjoint également à éviter d'être dans le repli et dans l'isolement. "S'isoler, c'est majorer les angoisses." Selon la psychologue, aller à l'école, parler avec ses amis, ses camarades, "ça permet de restaurer du lien là où la violence de l'acte a complétement détruit l'idée même de faire société".

Un dispositif de sécurité mis en place

Le corps de Louise a été retrouvé tôt ce samedi 8 février. L'autopsie a révélé que la jeune fille avait été frappée et avait reçu plusieurs coups de couteau. Après la découverte du corps, le parquet d'Évry a ouvert une enquête pour meurtre sur mineure de moins de 15 ans.

Pour assurer la sécurité des élèves, un dispositif de sécurité est mis en place dès 8 heures ce lundi 10 février sur les trajets des collèges et des lycées de Longjumeau et d'Épinay-sur-Orge.

Arthus Vaillant