Crack à Paris: rue Riquet, Hidalgo "en appelle" à Darmanin

Anne Hidalgo le 16 septembre 2021 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP
La maire PS de Paris Anne Hidalgo s'est rendue mardi soir devant les jardins d'Eole, point de fixation des consommateurs de crack à Paris, pour demander au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de mettre fin à "un grand marché à ciel ouvert de crack", a-t-elle dit à l'AFP.
"Cette situation n'a que trop duré"
"Cette situation n'a que trop duré", a dit l'élue socialiste en arrivant rue Riquet où se trouvait plus d'une centaine de toxicomanes.
Ces derniers ont pris l'habitude de consommer là depuis que, mi-mai, préfecture et mairie se sont accordées pour les regrouper dans la partie nord des jardins d'Eole afin de soulager le quartier voisin de Stalingrad.
Mais fin juin, Anne Hidalgo avait décidé de mettre fin à cette situation provisoire en interdisant les consommateurs de crack d'accès au parc, afin que les habitants en reprennent possession.
"Cela a eu un effet pervers qui est de les regrouper dehors", a reconnu Mme Hidalgo, mais "le fait de laisser un grand marché à ciel ouvert de crack dans la tolérance totale des autorités de police, ce n'est pas acceptable", a-t-elle ajouté à l'intention du préfet de police Didier Lallement.
"J'en appelle au ministre de l'Intérieur" pour régler le "problème de sécurité" dans ce quartier du nord de Paris, a encore dit la maire à l'AFP, dénonçant une "situation absolument inacceptable".
À la rencontre de riverains et de toxicomanes
A la mi-journée, la préfecture avait répondu aux critiques répétées de la maire. "Le secteur de Stalingrad et d'Eole continue plus que jamais de faire l'objet d'une action policière très soutenue", avait-elle affirmé par communiqué.
Entourée des maires PS des XVIIIe et XIXe arrondissements, quelques adjoints et agents municipaux, Anne Hidalgo est allée à la rencontre d'une poignée de riverains et toxicomanes, s'arrêtant juste devant le campement de ces derniers.
"Le crack, ça désociabilise, ça vous ramène plus bas que terre", lui a dit une jeune femme hébergée depuis huit mois dans un hôtel.
"J'ai passé quatre ans dans la rue, parfois en marchant nu-pieds, parfois à tapiner pour dix, cinq euros parce que j'étais complètement accro", a-t-elle raconté.
"Chez nous, il y a beaucoup de gens qui sont partis à l'hôpital; ils sont revenus", lui a dit une autre femme, alors qu'Anne Hidalgo considère les hôpitaux comme "une piste" face au refus des riverains de voir s'implanter des salles de soins près de chez eux.
Quelques riverains ont échangé avec la maire, d'autres l'interpellant de manière plus hostile. "On veut une évacuation", a réclamé Kamel, un habitant du quartier, alors qu'Anne Hidalgo refuse la proposition de la préfecture d'évacuer les consommateurs de crack porte de La Villette, privilégiant une "solution pérenne" qui consiste pour elle en la multiplication de petites structures d'accueil.