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Ce que l'on sait sur l'interpellation d'un collégien suspecté d'avoir harcelé une élève en transition de genre

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Âgé de 14 ans, le mis en cause a été arrêté lundi alors qu'il était en classe, à Alfortville. Il est soupçonné d'avoir violemment insulté et menacé la victime sur Instagram.

Il est soupçonné d'avoir harcelé une jeune fille en transition de genre*, usant de propos homophobes insultants et incitant au suicide. Un collégien de 14 ans a été interpellé lundi à Alfortville (Val-de-Marne) puis placé en garde à vue.

• Une enquête ouverte, des circonstances aggravantes retenues

L'arrestation du collégien s'inscrit dans le cadre d'une enquête pour violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure à huit jours et menaces de mort. Conduite par la brigade de protection de la famille, elle a été ouverte par le parquet après un dépôt de plainte en date de lundi, le 18 septembre.

Ce jour-là, une élève de seconde du lycée Maximilien-Perret et son père franchissent la porte du commissariat. Âgée de 15 ans, la jeune fille transgenre dénonce aux policiers des faits de harcèlement contre sa personne ainsi que des propos homophobes et des menaces de mort.

Alfortville : pourquoi un élève a-t-il été interpellé en classe ?
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Elle affirme avoir reçu sur le compte Instagram de sa classe plusieurs messages injurieux l’invitant à mettre fin à ses jours. Tels que celui-ci: "On va t'égorger, on va te faire une Hitler, on va faire de la propagande avec ta tête, ferme ta gueule si tu ne veux pas être traumatisé, j'ai une haine envers ta race, casse-toi, va mourir, suicide-toi sale PD, travelo".

­Le fait que ces infractions aient été commises en raison du genre ou de l'orientation sexuelle de la victime a été retenu comme circonstance aggravante dans ce dossier, a fait savoir le parquet à l'Agence France-Presse (AFP).

Au cours de sa garde à vue, le mis en cause a reconnu les faits. Il relate être tombé sur la photo de la victime et l'avoir insulté dans "un excès (sic) de colère qu'il n'a pas pu contrôler".

Parallèlement, l'administrateur du compte Instagram utilisé a lui aussi été entendu par les enquêteurs. Il a avoué en avoir donné l'accès au jeune homme, "mais sans penser à mal", selon ses dires.

• Arrêté en plein cours

Scolarisé au collège Henri-Barbusse, le jeune suspect a été arrêté vers 16h, alors qu'il assistait à un cours. Une source proche du dossier notifie BFMTV que la directrice de l'établissement avait consenti à cette interpellation.

Cette dernière "a toqué à la porte et on a vu entrer des policiers", rapporte à notre micro une élève présente en classe avec le suspect. "La directrice nous avait parlé d'une intervention de police grave. On s'est dit qu'ils allaient nous parler de quelque chose", retrace la collégienne.

Les fonctionnaires donnent alors le nom du suspect. "Ils lui demandent de se présenter à eux et l'interpellent en l'attrapant par le bras et en le menottant", poursuit l'élève. "Ils lui ont dit 'On vous arrête pour harcèlement grave et menaces de mort'. J'ai été choquée, j'ai eu du mal à continuer le cours."

Depuis, le rectorat de l'académie s'interroge sur la méthode employée par les forces de l'ordre.

"Nous échangeons avec les autorités concernées pour comprendre dans quelles conditions des policiers ont pu être amenés à intervenir dans un établissement scolaire pour procéder à l'interpellation d'un élève en classe", relève-t-il dans un communiqué.

• Le gouvernement déplore "un fléau"

Face aux critiques, Olivier Véran a défendu ce mercredi le mode d'intervention des policiers. "Ç'a été fait en conformité avec l'accord du parquet" et de "l'équipe éducative", a signifié le porte-parole du gouvernement.

L'ex-ministre de la Santé revendique même les "messages très forts" envoyés par les policiers en procédant de la sorte. Et Olivier Véran d'insister: "C'est comme ça qu'on s'en sortira face au fléau du harcèlement, c'est comme ça qu'on protégera aussi nos enfants".

La veille, Gabriel Attal avait affirmé comprendre les "interrogations" autour de l'interpellation du collégien, tout en saluant l'action "rapide" des forces de l'ordre.

Dans ce cas de figure, "on se doit d'être très ferme", appuie le locataire de la rue de Grenelle: "On parle de menaces d'égorgement, de suicide. Ce sont des mots très graves, qui donnent la nausée".

• Le harcèlement scolaire, sujet majeur de la rentrée

Sujet d'envergure des derniers mois, le harcèlement scolaire a pris plus d'ampleur encore en cette rentrée. Début septembre, un adolescent de 15 ans a mis fin à ses jours à Poissy (Yvelines) après des mois de souffrance.

Craignant une "catastrophe", ses parents avaient pourtant tiré le signal d'alarme auprès du rectorat de Versailles et déposé une main courante. Dans une missive, ce dernier s'était étonné de la réaction des parents du jeune homme, assurant que les faits de harcèlement n'étaient pas caractérisés et les menaçant d'une plainte pour propos calomnieux.

Lundi, le ministre de l’Éducation nationale a demandé aux recteurs d’académie un "électrochoc à tous les niveaux" contre le harcèlement scolaire, tandis qu'un audit global doit être mené. Mais à Alfortville, d'après les premiers éléments recueillis, l’enquête se dirige plutôt vers un cas de harcèlement en ligne et non scolaire, les deux jeunes ne se connaissant pas.

*L'académie de Créteil précise à l'AFP que la victime, de sexe masculin à l'état-civil, est en transition de genre. Sa famille indique au rectorat qu'elle est une jeune fille transgenre.

Deux numéros dédiés au harcèlement

Tout élève victime de harcèlement scolaire peut contacter gratuitement le numéro national d'écoute au 3020. L'élève ou ses proches peuvent également contacter le 3018 en cas de cyberharcèlement. Ce numéro est joignable 7 jours sur 7, de 9h à 23h.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions