"On a une fille éteinte": les parents de Lola, collégienne victime de harcèlement, se sentent abandonnés par la direction

"Elle a la boule au ventre, pas envie d'y aller, de la peur." Harcelée depuis des mois par deux autres élèves, la jeune Lola, 13 ans, vit un enfer au collège à Frontignan (Hérault). Se sentant comme abandonnés par la direction de l'établissement, ses parents disent avoir été invités à la changer d'école, y compris par le rectorat. Et ce, alors que deux des trois collégiens accusés fréquentent toujours le collège.
"On nous a demandé à trois reprises de changer notre fille d'établissement pour son bien-être", explique Christelle Escuret, sa mère, sur BFMTV. Pour Lola, qui ne veut pas aller ailleurs, "changer d'établissement, ce serait leur donner raison et dire que ce n'est pas si grave ce qu'ils ont fait", dixit sa maman.
Il est question d'"agressions sexuelles avec violences" dans cette affaire de harcèlement scolaire.
"Il y a eu trois élèves mis en cause, dont un parti au lycée. On a su au départ pour le premier élève et on a demandé en décembre à l'établissement de surveiller notre fille. Bien plus tard, on apprend qu'il y a deux autres mis en cause et qu'elle a subi des agressions sexuelles avec violences par ces deux élèves toujours scolarisés dans l'établissement", raconte Christelle Escuret.
"Elle est complètement détruite"
Selon elle, Lola a "fait 10 à 15 crises de tétanie" sur place, sans que les parents en soit informés. "On a demandé plusieurs fois des explications, on a saisi le rectorat qui ne veut pas parler des loupés, de ce qui se passe dans l'établissement", souligne-t-elle.
La Direction des services départementaux de l'Éducation nationale (DSDEN) de l'Hérault indique par ailleurs à BFMTV qu'un signalement par l’établissement et par la mère de la jeune fille a été effectué fin janvier. Un autre "a immédiatement été fait auprès du procureur de la République de Montpellier", précise la DSDEN 34.
Lola va "très mal", d'après son père. "On avait une petite épanouie, qui chante énormément, aujourd'hui on a une fille éteinte. On ne reconnaît plus du tout notre fille, elle part au collège la boule au ventre et ne sort plus de la maison", témoigne Julien Escuret.
"Elle est complètement détruite, ce sont des cicatrices qui vont rester à vie, c'est intolérable et inadmissible", poursuit-il, affirmant "essayer d'avoir confiance en la justice".
Les deux garçons encore scolarisés dans le collège qui s'en prenaient à elle ont fait l'objet de mesures conservatoires dans l'attente des conclusions de l'enquête judiciaire, a appris BFMTV auprès de l'académie de Montpellier ce lundi 28 avril.
Les deux élèves exclus temporairement du collège
Ils sont exclus temporairement du collège et s'engagent à ne pas y venir en attendant les conclusions de l'enquête. Leur continuité pédagogique sera assurée via Pronote. "Dès la transmission des conclusions de l'enquête, la cheffe d’établissement, en lien avec les services départementaux de l'Éducation nationale, prendra les dispositions appropriées", selon le rectorat.
Les familles des deux garçons accusés ont été reçues séparément par la cheffe d'établissement afin de leur expliquer "la mesure de protection" qui été prise, Lola n'ayant pas changé de collège.
"C'est quelque chose qu'on attend depuis longtemps et qu'on a demandé, on est complètement soulagés", commente sa mère auprès de BFMTV. Jusqu'ici des mesures d’éloignement avait seulement été prises au sein du collège pour éviter aux deux élèves présumés agresseurs de croiser Lola, notamment lors de la cantine.
"Elle continue à aller à l'école, elle a été déscolarisée pour un mois et demi mais elle a décidé de reprendre pour ne pas perdre son année et affronter ses peurs. Elle ne prend plus les transports en commun, on l'amène tous les matins et on vient la chercher tous les soirs pour ne pas qu'elle croise encore ses agresseurs en dehors du collège", ajoute son père.
"Une attention soutenue est accordée à l'élève, pour laquelle un accompagnement sur-mesure a été mis en place par la direction", précise de son côté la DSDEN.