"Ça a réveillé mes traumatismes": à Paris, l'angoisse de la communauté kurde depuis l'attaque rue d'Enghien

L'attaque de la rue d'Enghien faisait, il y a plus de deux semaines, trois morts. Le suspect, un homme de 69 ans de nationalité française, avait indiqué dès son interpellation avoir agi parce qu'il était "raciste". Depuis, la communauté kurde ne cache pas son inquiétude.
"Je connais beaucoup de jeunes kurdes ici qui ont peur et qui ne peuvent pas exprimer très ouvertement leur identité kurde, parce qu'ils ont peur de la réaction des gens", explique à BFM Paris Île-de-France, Hichta Piry, étudiante kurde originaire de Syrie.
Depuis le 23 décembre dernier règne même chez l'étudiante et d'autres un sentiment d'insécurité.
"On est libres d'avoir ce centre, mais on n'est pas en sécurité dedans, parce que c'est dans ce même centre que les assassinats ont eu lieu", déclare-t-elle.
"On fait attention à ce qu'on dit"
Ce sentiment d'insécurité est également partagé par Aram Tastekin, un artiste kurde réfugié politique en France. Ce dernier a connu la guerre en Turquie et depuis la fusillade, il voit ses traumatismes ressurgir.
"Je ne me sens pas vraiment en sécurité, même en rentrant chez moi, confie-t-il. Depuis une semaine, dix jours, quand je rentre chez moi, j'ai l'impression que j'entends des bruits... Ça a réveillé tous mes traumatismes."
Chez Yekbun Gurgoz, consultante franco-kurde, les inquiétudes aussi sont présentes au quotidien.
"Il y a effectivement cette forme d'autocensure où l'on fait attention à ce qu'on dit, on ne critique pas le gouvernement turc de façon ouverte, indique-t-elle. Fréquenter même des lieux simplement culturels ou de restaurations de la communauté kurde, ça crée une forme d'intranquillité."
Mardi, les funérailles des trois Kurdes avaient lieu dans le Val-d'Oise. Selon une source policière, environ 10.000 personnes ont défilé toute la journée pour leur rendre un dernier hommage.
Une marche commémorative est prévue ce samedi, dix ans après l'attentat parisien au cours duquel trois militantes avaient été assassinées.