"C'est consternant": l'annonce de la ZTL passe difficilement auprès des Parisiens et de l'opposition

Si l'opposition municipale dénonce une mesure qui va paralyser le centre de Paris, autant dans son trafic qu'économiquement, les Parisiens quant à eux regrettent le manque de communication autour de cette annonce.

Traverser Paris du nord au sud et d'est en ouest, c'est bientôt terminé. La zone à trafic limité (ZTL) entrera en vigueur lundi 4 novembre dans le centre de Paris. La circulation de transit y sera donc désormais interdite. Une annonce faite ce jeudi 31 octobre qui n'a pas manqué de soulever l'opposition municipale et les usagers de la route.

Les Parisiens ne sont globalement pas surpris de la mesure, qui va dans le sens de la volonté de la mairie de Paris de favoriser les piétons et les mobilités douces. La surprise réside dans le timing: à quelques jours de la mise en place de la ZTL, beaucoup ne sont pas au courant et s'étonnent du délai très court entre la publication de l'arrêté préfectoral ce jeudi et son entrée en vigueur quatre jours plus tard.

"Dans le principe je ne suis pas contre, mais c'est les méthodologies qui sont un peu à revoir", estime Samuel au micro de BFM Paris Île-de-France.

"C'est consternant de l'apprendre maintenant", confie à son tour Frédérique. "Même si on s'y attendait un petit peu parce que la maire de Paris n'a qu'une envie, c'est d'enlever les voitures de la ville."

"Maintenant, il faut aussi penser à toutes les personnes âgées ou avec des enfants qui ne peuvent pas trop circuler sans voiture", note la Parisienne. "On fait comment pour ces gens-là?"

"Je trouve qu'il y a un manque de communication pour le bon vivre des Parisiens", fustige enfin Mohammed, chauffeur de taxi.

Une "logique d'éviction des Parisiens"

Du côté de l'opposition parisienne, ça coince. Pour Changer Paris (Républicains, centristes et indépendants), le dispositif retenu se fera sans aucun doute au dépit des Parisiens, et est "aux antipodes de l'objectif d'une ville plus facile à vivre".

"Cette ZTL, elle vient s'ajouter à la fermeture des ponts, à l'inversion de rues en leur milieu", ajoute Aurélien Veron, conseiller de Paris et métropolitain élu à Paris Centre (Changer Paris). "

Il dénonce une mesure supplémentaire qui participe à paralyser le trafic à Paris. "Pas seulement les 30% de Parisiens qui ont des voitures, mais les commerces, les artisans, les entreprises."

"Les conséquences prévisibles sur le commerce sont extrêmement préoccupantes", souligne en effet le groupe dans un communiqué, en particulier pour un secteur Paris centre "déjà fragilisé et sinistré".

De plus, le groupe dénonce une "logique d'éviction des Parisiens par les touristes", avec la préservation de la circulation de cars de tourisme retenue dans la ZTL par exemple. Selon Changer Paris, la piétonnisation associée à la ZTL va profiter en premier aux touristes et non aux riverains.

Un impact écologique nul selon l'opposition

Enfin, l'opposition balaye l'argument écologique. "L'impact écologique de cette ZTL sera nul", assure Changer Paris. "Les reports de circulation pourraient atteindre jusqu’à 40 % sur certains axes, tandis que l’Autorité environnementale précise que les concentrations en dioxyde d’azote (NO2) seraient 'dans les mêmes ordres de grandeur, que le projet soit réalisé ou non'", écrivent les élus.

La ZTL "fait peser le risque majeur d’un centre-ville sans âme, dérobé aux Parisiens et abandonné aux touristes", résume Changer Paris. "La cerise sur le gâteau qui a déjà une très mauvaise saveur pour les Parisiens", ajoute Aurélien Véron.

La zone à trafic limité s'étendra de la place de la Bastille à la place de l'Opéra, et concernera les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements de la capitale. Les taxis, les PMR, les commerçants ou encore les résidents ne sont pas concernés par la mesure, ce qui, selon la mairie de Paris, va permettre la réorganisation du partage de l'espace public en favorisant les mobilités douces.

Ella Jelidi et Juliette Moreau Alvarez