Accord sur le financement des transports franciliens: Pécresse confirme que le prix du passe Navigo n'augmentera pas

Valérie Pécresse à Paris le 30 janvier 2018 - ERIC PIERMONT / AFP
L'épidémie de coronavirus a vidé les caisses des transports en commun franciliens. Chiffrées à 2,6 milliards d'euros, les pertes seront finalement prises en charge par l'Etat, a annoncé Valérie Pécresse au Parisien ce mardi soir, mettant fin à un feuilleton de plusieurs mois. Conséquence: "La crise du Covid ne coûtera rien aux usagers franciliens".
"L'Etat a reconnu la véracité de ces chiffres, confirme la présidente de la région. Après avoir travaillé tout l'été, nous sommes arrivés à un très bon accord avec l'Etat pour Île-de-France Mobilités et les voyageurs. Cet accord permet la compensation intégrale des pertes de recettes liées au Covid".
"Nous ne freineront aucun des nombreux projets d'investissement que nous avons dans les transports. (...) Nous ne baisserons pas non plus l'offre de transport", a-t-elle en outre souligné.
Une subvention pour couvrir les pertes
L'Etat versera à l'autorité régionale des transports une subvention pour couvrir les pertes du versement mobilités (une taxe sur la masse salariale) et compensera les pertes de recettes voyageurs par une avance remboursable à taux zéro, sur 16 ans, a expliqué Valérie Pécresse à l'Agence France-Presse. "C'est un moment historique", a-t-elle ajouté.
Pour le gros des 1,6 milliard d'euros de pertes de recettes voyageurs - soit 1,44 milliard hors TVA - et un éventuel reliquat du manque à gagner pour le "versement mobilité", le gouvernement accordera une avance remboursable de 1,1 à 1,4 milliard.
"On a obtenu qu'elle soit à taux zéro, et elle sera remboursée sur 16 ans et de matière progressive. On a calculé les échéances de remboursement en fonction de nos prévisions de reconstitution de nos recettes", a détaillé Valérie Pécresse.
"Une clause de revoyure" intégrée à l'accord
RATP et SNCF prendront aussi en charge 10% de ces pertes dans le cadre du contrat qui les lie à IDFM, a-t-elle ajouté. Cet accord, poursuit Valérie Pécresse, permettra également à Île-de-France Mobilités rembourser les deux entités, privées de financement au mois de juillet et d'août.
Compte tenu des incertitudes sur le front sanitaire, l'Etat et IDFM ont prévu "une clause de revoyure en 2021 et 2022 si la crise devait se poursuivre", a précisé Valérie Pécresse.
La présidente d'IDFM va maintenant travailler sur son propre plan de relance, citant comme priorités un système de pilotage automatique pour les RER B et D, la poursuite du prolongement du RER E à l'ouest, et des projets de tramways et bus en site propre.
"Il fallait sauver les transports avant de les relancer. (...) On va avoir des chiffres triannuels d'investissements de l'Etat en Île-de-France qui seront très élevés", et plus élevés que les 673 millions d'euros annoncés jeudi par le gouvernement, a-t-elle déjà annoncé.
L'opposition se montre critique
"L'essentiel est que les usagers n'aient rien à payer mais la faiblesse du soutien de l'Etat aux transports du quotidien demeure hallucinante", a dénoncé Emmanuelle Cosse, du groupe Ecologistes et progressistes au conseil régional d'IDF.
"Deux tiers de l'accord est une avance remboursable... donc après 2020 et après les régionales ... il faudra donc rembourser entre 1,1 et 1,4 milliards d'euros. Par une hausse des tarifs ? Par une baisse des investissements ? Beaucoup d'affichage alors que ce n'est que ponctuellement réglé", a ajouté Céline Malaisé, du groupe Front de gauche.
Pour François Damerval (groupe Alternative écologiste et sociale), "Valérie Pécresse repousse à après mars 2021 la gestion de la dette hors bilan". "Valérie Pécresse la stratégie du coup d'éclat permanent!", a-t-il tweeté.