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Cyclone à Mayotte: comment organiser l'accès aux soins?

Cette photo prise le 8 décembre 2023 montre du personnel médical travaillant à l'hôpital de Mamoudzou, sur l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien.

Cette photo prise le 8 décembre 2023 montre du personnel médical travaillant à l'hôpital de Mamoudzou, sur l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien. - MIGUEL MEDINA / AFP

Les premiers renforts sanitaires sont arrivés lundi de La Réunion. D'autres professionnels de santé vont atterrir à Mayotte dans les prochaines heures. Certains vont évaluer les besoins, et les possibilités d'évacuations de patients, y compris vers l'Hexagone. Un hôpital de campagne doit ouvrir jeudi.

Les difficultés du système de santé mahorais n'ont pas attendu le passage du cyclone Chido samedi qui a dévasté Mayotte et gravement touché plus de 70% de la population. Un système composé d'un hôpital pour plus de 320.000 habitants officiels, désormais endommagé, et quatre autres petits sites inopérants. La priorité est de soulager le CHM, le centre hospitalier de Mayotte, et de libérer des lits pour les nouveaux patients.

Ce qui passe par des évacuations sanitaires. Lundi, quelque 25 patients chroniques ont ainsi rejoint La Réunion. Pour ne pas saturer les capacités réunionnaises, la possibilité d'évacuations vers la métropole est aussi examinée.

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Pour ce faire, deux missions "exploratoires" ont été lancées, l'une à Mayotte, l'autre à La Réunion avec des médecins dont un urgentiste et un anesthésiste réanimateur pour "évaluer les besoins sanitaires et définir la stratégie de priorisation".

La principale contrainte réside dans les capacités d'hébergement à Mayotte. "Il faut trouver des lieux de vie pour le personnel dépêché sur place", nous explique un médecin.

Un hôpital de campagne doit aussi être opérationnel à partir de ce jeudi. Selon nos informations, il pourra accueillir 70 patients. Quelque 90 personnels de la sécurité civile seront déployés sur place. Cet hôpital comportera des capacités de réanimation, de radiologie et d'urgences. "Huit lits en réanimation et deux blocs chirurgicaux seront disponibles", nous confirme une source médicale.

La crainte du choléra

Le risque d'épidémie sera également surveillé de près, notamment le choléra. Entre mars et juillet 2024, Mayotte a recensé 221 cas (214 confirmés, 7 probables) causés par une souche très résistante aux antibiotiques. Selon le bulletin de Santé publique France du 29 juillet, "14 cas graves ont nécessité une hospitalisation en réanimation" et cinq décès directement imputables au choléra sont recensés. Le document note qu'aucun cas de choléra n'a été signalé à Mayotte depuis le 12 juillet.

Mais avec la situation sanitaire actuelle, les spécialistes redoutent que l'épidémie reprenne. Le choléra se propage généralement par la consommation d'eau contaminée par les matières fécales d'un malade. Les inondations peuvent contaminer les sources d'eau potable, exposant ainsi la population à un risque accru d'infection.

Moins d'un quart des personnes infectées développent des symptômes, mais pour celles qui ont une forme sévère, il faut compenser les pertes avec des solutés de réhydratation et des antibiotiques pour réduire la durée de l'infection et rompre les chaînes de transmission.

Une maigre densité de soignants

De manière générale, il faudra soutenir un système de santé déjà exsangue. Faute d'offre correspondant à la demande, l'accès aux soins se limite souvent à gérer les urgences sans pouvoir proposer une prise en charge adéquate au long cours.

Pour rappel, à Mayotte, quelque 260 médecins sont en activité pour 321.000 habitants. Soit plus de quatre fois moins qu'en métropole. Sur cet archipel de l'océan Indien, l'espérance de vie est inférieure à la moyenne nationale de sept ans pour les femmes et de onze ans pour les hommes.

Margaux de Frouville