"J'ai extrêmement soif": des habitants de Mayotte racontent leur détresse après le cyclone Chido

"J'ai extrêmement soif. Je n'ai pas du tout de bouteille d'eau à disposition", confie à BFMTV Bruno Garcia, propriétaire de l'hôtel du Caribou à Mamoudzou. Désespéré, cet habitant, dont l'établissement se trouve en plein centre-ville de la préfecture de Mayotte, n'a pas pu boire durant les dernières vingt-quatre heures.
"Je n'ai pas réussi à avoir une bouteille d'eau depuis une journée", ajoute-t-il. Impossible d'en acheter dans le commerce, les magasins sont "pris de cours", constate-t-il. "J'ai très soif", ajoute Bruno Garcia. "Je n'ai pas l'électricité (...) il n'y a pas d'eau potable. Je suis dans les conditions rudimentaires les plus rudes."
"On commence à avoir peur"
Pas d'aide possible du côté des voisins de Bruno Garcia puisque eux aussi se trouvent dans la même situation, assure cet homme installé à Mayotte depuis vingt-trois ans. "Voilà où on en est réduit à Mayotte, à essayer d'avoir de l'eau pour boire. Je ne pensais pas vivre ça un jour. Je le vis à l'heure actuelle." Et répète: "j'ai soif, j'ai pas d'eau."
Le cyclone Chido, le plus intense qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans, a ravagé samedi le territoire de l'Océan Indien, où environ un tiers de la population vit dans de l'habitat précaire, totalement détruit. "L'île est totalement dévastée", a déclaré Bruno Retailleau à La Réunion lundi soir, au retour d'un déplacement à Mayotte, précisant que "70% des habitants ont été gravement touchés".
"C'est l'apocalypse", témoigne auprès de BFMTV Chad Youyou, fonctionnaire et agent de la commune de Mtsamboro. "Nous sommes livrés à nous-mêmes." Manque d'eau, manque de nourriture... "on commence à avoir peur". Cet habitant de Mayotte affirme se trouver dans une zone de l'île où les secours ne sont pas encore venus.
"Ça fait déjà quatre jours, on les a pas vus, on les attend."
Pour l'heure, le bilan officiel s'élève à 21 morts à l'hôpital. Le préfet local a mis sur pied une mission de recherche des morts. Mais les autorités redoutent "plusieurs centaines" de morts, peut-être même "quelques milliers" dans ce territoire et département le plus pauvre de France. "Le bilan sera lourd, trop lourd", a prédit lundi le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Bruno Retailleau.
Bruno Retailleau, le ministre démissionnaire de l'Intérieur, a annoncé l'arrivée "dans les prochains jours" de 400 gendarmes supplémentaires pour prêter main forte aux 1600 gendarmes et policiers présents sur l'archipel, tout en précisant qu'il n'y avait "pas eu vraiment de pillage".