La Vendée n'est pas à l'abri d'un séisme plus puissant

Vestige du Massif armoricain à Rochefort-sur-Loire. - Daniel Jolivet
Un séisme en Vendée? Pas commun. Mais pourtant plus fréquent qu'on ne le pense de prime abord. En France, la région niçoise n'a pas l'apanage de la sismicité. Si les tremblements de terre d'une magnitude de 4,7 sont plutôt rares dans cette région, cela ne signifie pas qu'un séisme de grande envergure puisse avoir lieu dans l'avenir. Eric Beucler, enseignant chercheur à l'Observatoire des Sciences de l'univers de Nantes-Atlantique, décrypte ce phénomène pour BFMTV.com.
On savait la région niçoise sujette aux séismes, mais la Vendée est-elle aussi une région sensible?
Effectivement, on a tout à fait raison d'associer les séismes avec les failles et les chaînes de montagnes. Mais la particularité du Grand Ouest est d'être dominé par le Massif armoricain. Il y a 300 millions d'années, une chaîne de montagnes aussi haute, voire plus haute que les Alpes, s'élevait à cet endroit. Il existe encore des failles qui partent vers la Vendée et vers la Charente-Maritime.
Le tremblement de terre d'aujourd'hui est l'héritage d'une veille sismicité. Il y a un petit séisme tous les trois ou quatre jours. Ils ne se ressentent souvent même pas, seuls les instruments des détectent. Seuls cinq ou six séismes ont fait parler d'eux dans cette région, comme en 2013 à Vannes ou en 2016 à La Rochelle.
Cette sismicité à la fois assez importante et diffuse s'arrête avec les bassins sédimentaires que sont le Bassin parisien à l'est et le Bassin aquitain au sud.
Le séisme de ce lundi matin était de 4,7. A partir de quelle intensité doit-on s'inquiéter?
L'outil utilisé, mais aussi mal maîtrisé est, en la matière, la magnitude. Elle correspond à l'énergie dégagée à l'endroit où il a lieu. Mais l'intensité ressentie n'est pas la même si le séisme a lieu à 10 kilomètres de profondeur (ce qui est le cas en l'espèce, NDLR) ou à 2 kilomètres sous la surface.
On peut aussi se trouver à la même distance, mais pas au même endroit, et ne pas être atteint de la même façon. Parce qu'il y a une directivité du séisme. Quand on jette un caillou dans l'eau, les ondes se répartissent de manière circulaire, uniformément. Mais lors d'un séisme, les choses ne se déroulent pas ainsi. C'est plutôt comme si l'on frottait ses deux mains l'une contre l'autre. A l'arrivée, le mouvement part dans une direction déterminée.
Ça dépend aussi beaucoup de la nature du sol, selon que celui-ci atténue ou transmet au contraire les ondes sismiques.
Comment gère-t-on ce risque?
Ce qui est très compliqué est que de multiples facteurs, économiques ou sociologiques, entrent en ligne de compte. D'autres enjeux, comme de savoir si la zone recouvre une usine ou une centrale nucléaire, doivent être considérés pour élaborer une carte des zones à risque.
Dans une région comme la Vendée, on dépasse rarement les tremblements de terre de magnitude 5. C'est un endroit qui n'est pas du tout sujet à la tectonique des plaques. Pour qu'il y ait un gros séisme, il faut que la faille soit grande. Ici, nous sommes plus en présence de petits bouts de faille. On est loin de la dorsale de l'Atlantique, on se trouve au milieu d'une plaque. Pour autant, cela ne veut pas dire que ne se produira jamais, ou que ne s'est jamais produit un grand tremblement de terre.
Dans les régions du monde où la terre tremble régulièrement, comme au Japon, les statistiques sont plus faciles à faire. Nous ne savons donc pas s'il faut attendre 500 ou 1000 ans pour voir ce gros séisme advenir. Surtout que nous ne disposons que de données d'assez bonne qualité que depuis 1960.