Crues: plus de 100 jours de vigilance ces huit derniers mois en France, un chiffre bien au-dessus de la moyenne

En raison des pluies, les sols sont gorgés d'eau et les risques de débordements sont accrus. Avec le dérèglement climatique, les précipitations deviennent de plus en plus importantes en hiver.

Le ministre appelle à la vigilance. "Depuis huit mois, on est à 100 jours en France de vigilance (crues, NDLR) orange ou rouge", affirme le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, en marge d'un déplacement dans la Mayenne ce vendredi 21 juin.

Un chiffre confirmé à BFMTV.com par Météo-France et le ministère de la Transition écologique. Un chiffre alarmant puisque la moyenne annuelle est de 40 depuis 18 ans.

"Il a tellement plu qu'on a des sols qui sont gorgés d'eau et donc on est rapidement, maintenant, dans des niveaux de vigilance", poursuit Christophe Béchu, qui appelle à "la vigilance partout".

"Avec ces nappes phréatiques qui sont pleines et ces sols saturés d'eau, des épisodes de ce type, ça peut conduire rapidement à des débordements", ajoute-t-il.

Six départements toujours en vigilance orange

Au lendemain d'une crue historique de l'Oudon, Météo-France a levé ce vendredi la vigilance rouge pour des phénomènes de crues en ce qui concerne les départements de la Mayenne et du Maine-et-Loire. La Savoie et l'Isère reste cependant en vigilance orange.

Dans plusieurs départements, les autorités ont procédé à l'évacuation de certains habitants dans les zones les plus touchées et des dégâts sont à déplorer, comme à Craon où plusieurs rues et maisons ont été inondées.

"Depuis le début de la semaine, le temps est instable sur l'ensemble du pays, de nombreux cours d'eau ont réagi aux dégradations pluvio-orageuses successives", explique le service Vigicrues.

L'impact du dérèglement climatique

En novembre dernier, des crues historiques ont touché le département du Pas-de-Calais après le passage des tempêtes Ciaran et Domingos. Le phénomène s'est ensuite répété au début de l'année 2024, causant d'importants sinistres dans la région.

Le dérèglement climatique a-t-il quelque chose à faire avec ces crues à répétition depuis plusieurs mois? "Le changement climatique devrait entraîner une augmentation des précipitations dans de nombreuses régions. L'augmentation des précipitations sur de longues périodes entraînera principalement des crues," explique à cet égard la Commission européenne.

Une étude a d'ailleurs montré que le changement climatique avait eu un impact sur les crues de novembre dans le Pas-de-Calais avec une augmentation de 15 à 30% des précipitations sur ce secteur.

Plus le climat est chaud, plus l'eau de l'océan s'évapore. Cela entraîne une hausse de la vapeur d'eau dans l'air et donc, in fine, davantage de pluie. Selon une projection de Météo-France, il pourrait y avoir 17% de précipitation en plus en 2100 par rapport à la période 1976-2005.

L'évolution des précipitations entre la période 1976-2005 et 2100 en raison du dérèglement climatique, selon une projection de Météo-France © BFMTV

Un record de vigilances en 2023

En outre, au-delà du phénomène de crues, jamais, depuis la mise en place du dispositif en 2001, Météo-France n’avait décompté autant d’épisodes de vigilance orange ou rouge qu’en 2023, a rapporté l'établissement public ce mardi.

Le nombre s’élève à 81 l’année passée (75 en orange, 6 en rouge), c’est plus qu’en 2017 et ses 76 épisodes de vigilance (74 en orange, 2 en rouge) et bien supérieur à 2022 (70 épisodes au total).

"Dans le contexte du changement climatique, avec des phénomènes naturels qui risquent d’impacter fortement le fonctionnement des territoires et la vie de nos concitoyens, la vigilance est un outil essentiel pour les autorités en anticipation de la crise", détaillait Cédric Bourillet, directeur général de la prévention des risques au sein du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

Météo-France précise auprès de BFMTV.com que "les trois quarts des épisodes de Vigilance ont été activés plus de 6 heures avant la survenue du phénomène dangereux et de ses impacts, permettant ainsi une meilleure préparation de la réponse aux situations d’urgence et la protection des populations".

Salomé Robles