"Accalmie relative" en Corse après une nouvelle nuit d'intempéries

De nouveaux "orages généralisés" se sont abattus sur la Corse, dans la nuit de jeudi à vendredi, au lendemain d'un épisode orageux particulièrement violent qui a fait cinq morts. Ces "orages généralisés" ont concerné "la moitié occidentale de la Corse et le Cap Corse" mais aussi "le littoral oriental", a annoncé Météo-France dans un bulletin diffusé dans la nuit, précisant que "des orages continuent de se former en mer et vont affecter une grande partie de la façade occidentale de la Corse" pendant la nuit.
"Sous les plus fortes cellules orageuses, on pourra observer 40 à 60 mm en moins d'une heure, de la grêle, de fortes rafales de vent voisines de 80 à 100km/h", selon Météo-France qui met également en garde contre "des trombes marines et des phénomènes tourbillonnaires" sur le littoral.
L'île méditerranéenne, où la saison touristique bat son plein, était repassée en vigilance orange jeudi à 21 heures, pour un épisode pluvio-orageux "plus durable" que la veille. Ce matin "une accalmie relative" a été constatée, avec seulement une dizaine de millimètres de précipitations en trois heures.
Des campings évacués
Le bilan de cinq morts a été confirmé jeudi dans la soirée par le ministère de l'Intérieur, la préfecture maritime et les deux préfectures corses, après qu'un sixième mort a été annoncé par erreur par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur place, dans un des campings frappés par les rafales, sur la foi d'une information trompeuse des pompiers.
Jeudi soir, plusieurs campings de Corse-du-Sud ont été évacués en prévision des nouveaux orages, au cours desquels les cumuls de précipitations pourront atteindre "ponctuellement de 80 à 100 mm", selon Météo-France. Mais les rafales de vent "seront nettement moins violentes que celles observées jeudi matin", mesurées à plus de 200 km/h.
"Les opérations de relogement sont en cours, soit en mobilisant des locaux municipaux, soit en mettant à disposition les collèges et lycées", a confirmé Gilles Simeoni, le président du Conseil exécutif de Corse, au côté du ministre, dans le camping de Sagone (Corse-du-Sud) où une adolescente de 13 ans a perdu la vie après la chute d'un arbre sur son bungalow.
Gérald Darmanin a annoncé que l'état de catastrophe naturelle pourrait être décrété. A Ajaccio, le ministre a ensuite participé en visioconférence à une réunion de la cellule interministérielle de crise, présidée par Emmanuel Macron depuis le fort de Brégançon (Var), destinée à anticiper les mesures à prendre en Corse.
Concédant avoir été "surpris" par une situation "exceptionnelle" et "difficilement prévisible" par ses modèles numériques, Météo-France s'est défendu de ne pas avoir activé en avance sa vigilance orange de jeudi matin.
"C'était apocalyptique"
"On prenait le petit déjeuner vers 7h30, et en cinq minutes, c'était l'enfer. On a senti un grand courant d'air chaud et des vents qui tournaient dans tous les sens", ont raconté Amanda et Jonathan Aguera, un couple de quadragénaires du Vaucluse venu avec ses deux enfants pour passer une semaine dans une tente aménagée sur pilotis dans le camping de Sagone.
"En trois secondes le vent a tourné, tout notre matériel à l'extérieur est tombé par terre", a témoigné pour sa part Marie Lévêque, la quarantaine, en vacances avec son mari et leurs cinq enfants, dont un bébé, dans une villa à Sagone: "Les bourrasques étaient tellement énormes qu'on a eu du mal à fermer les fenêtres, c'était apocalyptique".
Au total, 20 personnes ont été blessées dans l'île, dont quatre grièvement, a précisé le ministre de l'Intérieur. Parmi elles, une Italienne de 23 ans, elle aussi victime de la chute d'un arbre dans la pinède de Calvi.
Selon un communiqué de la préfecture maritime, 125 opérations de sauvetage en mer ont été effectuées en Corse dans la journée, la plupart pour "des navires en difficultés".