Dessalement, livraison par camion... Les communes multiplient les alternatives pour s'alimenter en eau

(Photo d'illustration) - BFM Nice Côte d'Azur
"Plus d'une centaine de communes" se trouvent à court d'eau potable en France, comme l'indiquait vendredi le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu. Trois jours plus tôt c'est la préfecture de Haute-Corse qui tirait la sonnette d'alarme: "Si nous continuons à ce rythme de consommation d'eau (...), il n'y aura plus d'eau dans 25 jours", avertissaient les autorités.
L'épisode de sécheresse que connaît actuellement la France, qualifié "d'historique" par le gouvernement, continue d'assécher les nappes phréatiques et vient menacer l'approvisionnement en eau potable de nombreux territoires. La situation pousse les pouvoirs publics à prendre des mesures de restrictions, qui concernaient 93 départements au 5 août.
Face à la menace qui plane, certaines localités ont décidé de mettre sur pied des alternatives. En acheminant de l'eau par camion-citerne, ou en transformant elles-mêmes de l'eau impropre à la consommation en eau potable. BFMTV.com fait un tour d'horizon de ces pratiques.
• Acheminer de l'eau par camion-citerne
Parmi les communes en manque d'eau potable, nombreuses sont celles à avoir fait le choix de l'acheminement par camion-citerne. C'est notamment le cas de plusieurs hameaux dans les Alpes-de-Haute-Provence. À Taulanne, à la suite du tarissement de la source qui alimentait la localité, les habitants dépendent désormais des livraisons d'eau, réalisées deux à trois fois par semaine.
À Montbrison, dans la Loire, une décision semblable a été prise pour approvisionner de nombreuses communes situées en altitude, comme le rapporte l'Agence France-Presse.
"Ces deux dernières semaines, la communauté d'agglomération Loire Forez a commandé huit citernes de trente mètres cube auprès de collecteurs de lait pour compenser la sécheresse qui assèche les sources", a raconté Patrice Couchaud, son vice-président délégué à l'eau.
• Dessaler l'eau de mer
Dans le Morbihan, l'île de Groix, bien que cernée par les eaux, doit également faire face au manque d'eau potable. Une unité temporaire de dessalement de l'eau de mer a donc été installée. Lorient Agglomération a justifié la démarche afin de "répondre aux besoins en eau potable de la population groisillonne, dans un contexte de crise sécheresse exceptionnelle".
Contrairement à d'autres îles possédant une canalisation provenant du continent, ce n'est pas le cas de l'île de Groix. Molène, moins peuplée, s'est également dotée d'une unité de dessalement temporaire.

Plus au sud, en Haute-Corse, où la préfecture avait mis fortement en garde la semaine dernière face à un risque imminent de pénurie, le village de Rogliano a acquis une unité de dessalement. L'objectif: produire 500 mètres cube d'eau potable par jour dès la mi-septembre 2022. En 2002, Veolia avait déjà installé une unité de dessalement dans le même village pour le sauver d'une sécheresse.
Plusieurs techniques permettent de dessaler l'eau de mer: soit en la filtrant avec des membranes si fines que même les sels sont retenus, soit en la distillant ou encore en la parcourant d'électricité.
• Pomper dans les points d'eau
C'est le choix qu'a fait la commune de Gérardmer, dans les Vosges. La commune a décidé de venir puiser l'eau du lac qui a fait sa réputation pour alimenter son réseau d'eau potable, après une décision de l'exécutif municipal.
Après des tests menés par l'Agence régionale de santé, l'eau du lac a été déclarée potable à la consommation, après traitement en station d'épuration. 80% du réseau d'eau de la commune doit désormais être alimenté par l'eau du lac. Mais le maire de Gérardmer a précisé que "le pompage dans le lac est une solution extrême et doit rester exceptionnel".

Dans la ville, cette pénurie d'eau a alimenté de nombreuses tensions. Selon le quotidien Libération, cinq jacuzzis ont été éventrés. Un geste accompagné d'un message: "L'eau, c'est fait pour boire".
• Faire appel aux sourciers?
Plus anecdotique mais témoignant de l'inquiétude qui monte, les recours aux sourciers sont en augmentation. Ceux qui, à l'aide de deux tiges de fer, un bâton ou un pendule sillonnent les campagnes à la recherche de points d'eau, ont la cote en ce contexte de sécheresse.
De nombreux agriculteurs font notamment appel à leur "don", contesté scientifiquement, pour trouver une source d'approvisionnement alternative afin d'irriguer leurs cultures. Rencontré par TF1, Nicolas Busnot, sourcier, indique que ses commandes ont grimpé de 25% cet été.