AVANT/APRÈS: l'aggravation rapide des effets de la sécheresse en France vue du ciel

Cours d'eau à sec, incendies, végétation grillée... la sécheresse qui touche la France est de plus en plus visible. Des images satellites prises en juin 2021 et en juin 2022 montrent l'aggravation des dégâts à l'échelle nationale en seulement une année.

La sécheresse gagne du terrain en France. Cet été, les météorologistes s'accordent pour dire que la situation n'a jamais été aussi préoccupante, alors que de nombreuses régions sont touchées par une vague de chaleur "sans précédent" et des incendies dévastateurs. À ce jour, certains usage de l'eau sont limités dans 90 départements, qui sont placés en état d'alerte à la sécheresse.

Une végétation moins verdoyante

Vus du ciel, les effets de cette sécheresse sont flagrants. Les images satellites fournies par Planet Labs à BFMTV.com, visibles ci-dessous, montrent bien l'aggravation de la situation entre juin 2021 et juillet 2022.

L'an dernier, une large partie du territoire restait verdoyante, à l'exception du bassin parisien, de la Vendée, de la vallée du Rhône, du golfe du Lion et du Nord. Cette année, la situation est bien moins réjouissante: la Bretagne, la Normandie, le bassin parisien, les Hauts-de-France et les Pyrénées apparaîssent nettement plus jaunes sur la carte, signe de la sécheresse de la végétation.

Seul le Massif Central et les Vosges semblent relativement épargnés. Du côté des Alpes, on observe une réduction très visible de la quantité de neige.

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Le constat est encore plus éloquent sur ces autres images satellites relayées sur Twitter, et comparant cette fois-ci la fin juillet 2021 et la fin juillet 2022.

Les cours d'eau de Haute-Savoie asséchés, une situation "sans précédent"

Certaines zones sont aux premières loges. En Haute-Savoie par exemple, le niveau des cours d'eau est "extrêmement bas pour la saison", a alerté lundi le secrétaire général de la préfecture Thomas Fauconnier, jugeant lui-aussi la situation "sans précédent".

Ce bassin versant devrait être prochainement placé en situation de "crise", le niveau de gravité maximum en matière de sécheresse. Une grande partie des départements de l'Isère et de la Drôme a été classée la semaine dernière au niveau "crise sécheresse". L'enneigement l'hiver dernier dans les Alpes du Nord a été le plus faible depuis 1976 et les vagues de chaleur successives ont aggravé la situation, selon les météorologistes.

"Plusieurs ruisseaux sont à sec et les truites sont sur le dos" dans de nombreux endroits, témoigne Yohann Tranchant, président du Syndicat mixte interdépartemental d'aménagement du Chéran (Smiac).

Les Gorges du Verdon et le lac de Sainte-Croix au plus bas

Comme dans toute la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, le Var subit de plein fouet la sécheresse. Ce phénomène est visible dans les Gorges du Verdon et le lac de Sainte-Croix, comme en témoignent les images ci-dessous, qui comparent la situation au 10 avril à celle du 4 juillet pour les Gorges du Verdon, et sur un an pour le lac de Sainte-Croix.

Malgré une période habituellement propice à leur rechargement en eau, le niveau de ces deux points reste désespérément bas en ce mois de juillet: de 4 à 6 mètres inférieur à la normale. Cette année, les précipitations ont été insuffisantes.

Les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône manquent d'eau

Les Alpes-Maritimes ne sont pas épargnées: le département est lui-aussi confronté à un déficit pluviométrique important et a connu le 5e hiver le plus sec de son histoire. La commune de Touët-sur-Var, par exemple, a pris des mesures de restrictions d'eau en conséquence.

Même combat dans les Bouches-du-Rhône, où certains cours d'eau comme l'étang du Pourra sont totalement à sec. Sur des images satellites prises entre le 8 avril 2022 et le 5 juillet 2022, visibles ci-dessus, on constate que l'eau a visiblement totalement disparu. De même, la végétation aux alentours est victime de la sécheresse. L'eau ne devrait revenir qu'à l'automne.

Théophile Magoria, avec Jeanne Bulant