BFMTV
Canicule

Incendies: va-t-il falloir s'habituer à une multiplication des feux chaque été?

placeholder video
Les fortes chaleurs et les épisodes de sécheresse contribuent à accroître les risques d'incendies avec le réchauffement climatique. Des zones toujours plus septentrionales sont concernées.

Entre les milliers d'hectares partis en fumée en Gironde ou le parc Yosemite menacé par les flammes en Californie, les pompiers sont très sollicités sur le front des incendies cet été. Si le phénomène n'est pas nouveau, il concerne des zones désormais plus septentrionales et survient parfois plus tôt dans l'année.

Les experts sont inquiets. Avec le réchauffement climatique, les incendies survenant l'été, s'ils ne sont pas une tendance nouvelle, risquent de concerner des zones qui auparavant n'étaient que peu touchées, notamment en Europe.

"On sait que les risques vont augmenter", met en garde Christian Pinaudeau, expert des incendies et des feux de forêt, sur BFMTV. D'ici "2030, 2060", les incendies "vont remonter jusqu'à Angers, atteindre le Jura et les Vosges", estime-t-il.

"Pas beaucoup d'endroits épargnés" dans les moyennes latitudes

En Europe, les zones couvertes par de grandes forêts, notamment dans l'ouest du Canada et des États-Unis, ou au nord de l'Europe, sont les plus inquiètes par ces changements.

"Quand, en 2018, une grande partie de la forêt scandinave est partie en fumée à cause d'une accumulation de chaleur et de sécheresse, (les pompiers) étaient très surpris par l'ampleur de ce phénomène", se souvient Pascal Yiou, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement, sur BFMTV.

"Il n'y a pas beaucoup d'endroits dans les moyennes latitudes qui sont épargnés par ce risque", estime-t-il.

En Corse, on voit par ailleurs survenir des incendies en plein hiver. La faute à des hivers "plus secs" dans le Sud de l'Europe.

Chaleur et sécheresse en "facteurs aggravants"

Si les feux sont à "90 ou 95% causés par l'homme", selon Christian Pinaudeau, le réchauffement climatique et la sécheresse longue durée constituent des "facteurs aggravants".

D'autant que les derniers épisodes de canicule survenus ces dernières semaines ont été particulièrement marqués, avec des températures qui sont restées élevées pendant la nuit.

"Les températures tropicales la nuit, c'est-à-dire supérieures à 30°C, sont dangereuses pour l'être humain et pour la forêt", alors que normalement "la nuit les forêts se reposent", souligne Pascal Yiou.

Les conséquences ne sont pas anodines pour l'environnement, perturbé par ces changements.

"Les grosses températures et la sécheresse s'accumulent pour empêcher les arbres de faire de la photosynthèse", déplore le chercheur, ce qui rend les forêts "plus fragiles".

Il ne suffit alors plus que d'un "mégot", d'une "branche qui casse" ou d'un "éclair" pour que se déclenche un incendie. "C'est vraiment la double peine", se désole-t-il.

Juliette Desmonceaux