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Élections municipales 2026: Laurence Ruffin veut porter l'idée d'une "union à gauche à Grenoble"

Laurence Ruffin lors de la conférence de presse annonçant sa candidature.

Laurence Ruffin lors de la conférence de presse annonçant sa candidature. - Photo par JEFF PACHOUD / AFP

La course à la succession d'Éric Piolle à Grenoble est lancée. Pour l'heure, la gauche est favorite malgré ses divisions internes.

Qui pour succéder à Éric Piolle à la mairie de Grenoble au printemps 2026? Désignée candidate cette semaine par les Écologistes, la cheffe d'entreprise Laurence Ruffin devra composer avec une gauche divisée face à un Alain Carignon en embuscade. L'actuel édile Éric Piolle, 52 ans, avait annoncé de longue date qu'il s'en tiendrait à deux mandats dans la capitale des Alpes, première grande ville (160.000 habitants) à tomber dans l'escarcelle des verts en 2014.

C'est Laurence Ruffin, 47 ans, cheffe d'entreprise dans le secteur coopératif et sœur du député François Ruffin (ex-Insoumis), qui a été élue dimanche à la tête d'une liste rassemblant les écologistes et sept partis de gauche, après un processus marqué par des tensions en interne ces dernières semaines.

Amiénoise d'origine, la candidate s'est installée en 2003 à Grenoble, sa "ville de cœur" et, si elle n'a pas encore de programme électoral, a indiqué vouloir apporter un "changement de méthode", tout en se disant "fière de ce qui a été fait" par l'équipe sortante.

"L'idée c'est de porter l'union à gauche à Grenoble dans l'esprit du Nouveau Front populaire et de tendre la main aux partis de gauche pour créer une belle union à Grenoble", a-t-elle déclaré jeudi lors de son premier point presse depuis sa nomination.

Laurence Ruffin, qui n'est affiliée à aucun parti politique, a été élue dimanche par 180 voix contre 13 pour sa rivale, l'adjointe au maire Lucille Lheureux, mais cette dernière a affirmé ces dernières semaines avoir fait l'objet de "pressions" et d'"intimidations" pour la pousser à se retirer de la part d'Éric Piolle, qui a démenti. Cet épisode a coïncidé avec l'annonce par le parti écologiste de la suspension d'Éric Piolle de son mandat de porte-parole à la suite d'une instruction judiciaire ouverte contre lui en juin 2024 à Grenoble pour "concussion" et "recel de délit". Une décision qualifiée d'"absurde" par l'intéressé.

Une gauche divisée

Outre ces remous internes, Laurence Ruffin doit pour l'heure faire face à une gauche divisée: ainsi les Insoumis ont eux aussi désigné ce weekend leur propre tête de liste, Allan Brunon, un ancien boxeur âgé de 26 ans, peu connu localement et n'ayant jamais exercé de mandat d'élu.

Pourquoi ce choix solo alors que les Insoumis sont de longue date les alliés des écologistes à l'hôtel de ville? "Nous voulions absolument discuter de comment est-ce qu'on regagne la radicalité et on n'a jamais pu le faire dans une primaire qui était pliée d'avance", tranche le candidat, interrogé par l'AFP.

Le Parti socialiste et une autre coalition de gauche, Grenoble Capitale Citoyenne, pourraient également présenter des candidats. Au centre, l'avocat Hervé Gerbi a été désigné chef de file pour le parti Horizons d'Édouard Philippe, tandis qu'à droite, c'est l'ancien maire Alain Carignon, 76 ans, qui tentera une nouvelle fois de reconquérir la ville, dont il dénonce l'"insécurité endémique".

"Je n'ai pas d'avenir personnel à ménager, je n'aurai pas peur de prendre des décisions difficiles", a lancé vendredi l'ancien membre du RPR qui dirigea Grenoble de 1983 à 1994 avant d'être condamné en 1996 à cinq ans de prison dont quatre ferme et cinq ans d'inéligibilité pour "corruption" et "abus de biens sociaux".

"Les favoris de la compétition"

Mais pour Florent Gougou, maître de conférences à l'Institut d'Études politiques, Grenoble est aujourd'hui "la plus à gauche des villes de plus de 100.000 habitants en France" et Alain Carignon doit en grande partie sa victoire de 1983 à "un contexte de vote sanction très puissant contre la gauche", alors au pouvoir nationalement.

Le chemin pour Alain Carignon, qui avait obtenu 23,44% des suffrages au scrutin de 2020, "est donc extrêmement étroit", souligne-t-il. Les Écologistes demeurent à ce stade "les favoris de la compétition", même si leurs divisions actuelles font qu'ils "ne sont pas dans une situation aussi facile qu'ils pouvaient l'être en 2020" lorsqu'Éric Piolle avait été facilement réélu.

A.C. avec AFP