Ukraine: le journal d'opposition russe Novaïa Gazeta va vendre son Nobel de la paix pour soutenir les réfugiés

Les deux journalistes lauréats du prix Nobel de la paix, le Russe Dmitry Muratov et la Philippine Maria Ressa durant une fête organisée par l'ONG Save the Children à Oslo, le 10 décembre 2021 - Terje Bendiksby © 2019 AFP
Un engagement qui perdure dans le temps. Alors que Vladimir Poutine venait d'ordonner l'invasion de l'Ukraine par ses troupes le 24 février, le journal Novaïa Gazeta avait déjà frappé fort en publiant une puissante Une en deux langues, russe et ukrainien, qui dénonçait les premiers bombardements.
Près d'un mois après le début du conflit, le média d'opposition russe récidive. Comme l'a annoncé son rédacteur en chef Dmitri Muratov sur la version en ligne du tri-hebdomadaire, ce dernier va mettre en vente aux enchères son trophée de prix Nobel de la paix qu'il a remporté en 2021.
"Novaïa Gazeta et moi-même avons décidé de faire don de la médaille du prix Nobel de la paix 2021 au Fonds ukrainien pour les réfugiés. Il y en a déjà plus de 10 millions", écrit-il dans un article pour annoncer cette vente.
A contre-courant
En plus de l'annonce de la mise en vente de cette médaille, le journaliste dresse une liste des éléments prioritaires pour stopper la guerre. Selon lui, il faut "un cessez-le-feu", "échanger les prisonniers", "rendre les corps des morts" ou encore "protéger les couloirs humanitaires."
Une position à contre-courant et périlleuse depuis que, le 4 mars dernier et avec l'appui de la Douma, Vladimir Poutine a promulgué une nouvelle loi introduisant de lourdes peines de prison pour toute personne publiant des "informations mensongères" sur l'armée. De facto, l'utilisation de mots tels que "guerre" et "invasion" a été bannie des médias et les contrevenants encourent des sanctions pouvant aller jusqu'à 15 années de prison.
Un positionnement anti-Poutine pour lequel Novaïa Gazeta paie déjà un lourd tribut. Entre 2000 et 2009, six de ses journalistes ont été assassinés dans des circonstances troubles.