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Sibérie: une petite fille de 4 ans traverse seule la taïga pour secourir sa grand-mère

Une forêt à 70 km de Moscou, en février 2016 (photo d'illustration)

Une forêt à 70 km de Moscou, en février 2016 (photo d'illustration) - Yuri Kadobnov-AFP

Une petite fille de 4 ans a marché trois heures toute seule dans la nuit, le froid et la neige de la taïga de Sibérie pour aller chercher de l'aide alors que sa grand-mère ne bougeait plus.

Elle est devenue une héroïne. Âgée de 4 ans seulement, une petite fille russe a marché plusieurs kilomètres à pied seule dans la neige et le froid de Sibérie pour aller chercher de l'aide et secourir sa grand-mère, rapporte The Daily Mail.

Comme le rapporte le quotidien britannique, en février dernier, la fillette découvre un matin que sa grand-mère, âgée de 60 ans, ne bouge plus et qu'elle est "froide". Saglana Salcha vit avec ses grand-parents dans une ferme isolée du Touva, une république russe de Sibérie orientale. Située dans la taïga à la frontière avec la Mongolie, sa maison se trouve à une vingtaine de kilomètres du premier village, et son voisin le plus proche à plus de sept kilomètres.

"Elle aurait pu tomber sur une meute de loups"

La fillette réveille alors son grand-père aveugle, qui craint que son épouse ne soit morte. Alors qu'il n'a pas vu qu'il faisait encore nuit, le vieil homme demande à la petite fille d'aller chercher de l'aide en marchant le long de la rivière gelée. Dehors, il fait -24 degrés et le soleil ne s'est pas encore levé.

Saglana Salcha a marché trois heures à travers la forêt. Par miracle, elle ne s'est pas retrouvée coincée dans la neige, alors que les congères peuvent atteindre la taille d'un homme. Et par miracle, elle n'a pas été attaquée par les loups qui peuplent la taïga et avaient déjà par le passé attaqué le bétail de ses grands-parents.

"Touva est rempli de loups", a indiqué le chef de l'équipe de secours à un journal local. "Elle aurait pu facilement, dans l'obscurité, tomber sur une meute." Alors que la petite fille était arrivée à destination, elle n'a pas vu qu'elle se trouvait devant la maison des voisins et aurait continué sa marche si ces derniers ne l'avaient aperçue. "Je crois que ma mamie est morte", leur a-t-elle dit.

La fillette a eu "vraiment très faim"

Les voisins avaient eux un téléphone satellitaire. Saglana Salcha, qui s'en tire avec un rhume, a assuré qu'elle n'avait pas eu peur mais a reconnu qu'elle avait eu froid et qu'elle avait eu "vraiment très faim". Lorsque les secours sont arrivés chez ses grands-parents, il était trop tard. La sexagénaire était morte d'une crise cardiaque.

La mère de la fillette, qui élève des chevaux un peu plus loin dans la région et avait confié sa fille à ses parents, sera poursuivie. "Elle savait que ces personnes âgées n'étaient pas capables de garantir la sécurité de sa fille", selon les autorités de la région. Elle risque un an de prison.

L'affaire a fait grand bruit en Russie, des voix s'élevant pour dénoncer l'isolement des habitants du Touva, qui vivent coupés du monde. "Même à l'époque soviétique, les anciens avaient des radios pour communiquer", s'est indignée une journaliste et militante de la région pour The Guardian. "Aujourd'hui au 21e siècle, un enfant de 4 ans doit marcher parce qu'il n'y a aucun moyen de communication. C'est aberrant. Le crime n'a pas été commis par la mère de la petite fille mais par les autorités."

Céline Hussonnois-Alaya