"Personne ne croyait que la guerre allait commencer": une famille réfugiée en France raconte sa fuite d'Ukraine

Ils n'ont pas attendu le début de la guerre pour quitter leur pays. Artyom Kluchnikov, chercheur ukrainien, son épouse Marina et trois de leurs enfants, ont fui Kiev le 20 février dernier, soit quelques jours seulement avant que Vladimir Poutine décide d'entamer l'invasion de l'Ukraine.
Invité ce mercredi de BFMTV, le couple, accompagné de trois de ses enfants, a raconté ce départ précipité pour la France. Un périple entrepris alors que "personne ne croyait que la guerre allait commencer".
"On nous a dit 'pourquoi vous faites ça? [...] tout va bien, restez positifs, tout va bien se passer'", témoigne Artyom face caméra.
"Nous avons compris qu'on ne pouvait plus revenir en arrière"
Le choix de fuir le pays, la famille Kluchnikov ne l'a pris qu'après avoir été conseillée par un collègue américain. "Au début nous pensions que nous allions partir pour trois semaines et voir ce qui allait se passer, on ne pensait pas aller plus loin en Occident", poursuit le père de famille sur notre antenne.
"Le 24 février (début de l'invasion par l'armée russe) nous avons compris qu'il n'y avait plus de possibilité de revenir en arrière", confie-t-il.
Arrivée à Vinnytsia où elle reste pendant une semaine, la famille Kluchnikov est là encore conseillée par une connaissance, cette fois-ci britannique, et décide de quitter dès que possible le pays. Ils traversent alors la frontière avec la Pologne avant de rejoindre là France, où des amis à eux résident.
Leur fils aîné est resté en Ukraine
Durant cette fuite, la famille n'est toutefois pas épargnée par les sirènes d'alerte, les passages des avions de chasse ou encore par le début de la pénurie de produits alimentaires en Ukraine. "À la différence des autres Ukrainiens, nous n'avons pas ressenti autant de détresse psychologique", précise néanmoins Marina Kluchnikov, la mère de famille.
Cette arrivée en France ne se fait pas avec la famille au complet. Masha Kluchnikov, l'une des filles âgée de 18 ans, reste "jusqu'au dernier moment" au centre-ville à Kiev avec sa grand-mère. Elle se rend ensuite à Lviv, dernière grande ville encore épargnée par les forces de Moscou, puis franchit à son tour la frontière polonaise avant d'arriver à Paris. Leur fils aîné est quant à lui resté à Kiev et a rejoint la défense territoriale, il n'a toutefois pas encore été appelé par l'armée selon sa famille, qui prend des nouvelles de lui via Telegram.
Optimistes sur une victoire de l'Ukraine face à la Russie
Artyom, lui, n'est pas soumis à la loi martiale ukrainienne en raison de l'état de santé de son dernier enfant. Sasha, âgé de 3 ans, est handicapé et a besoin de ses deux parents, son père avait donc le droit de quitter le pays. Artyom et Marina entendent également assurer malgré tout l'éducation de leur fils et de leur seconde fille Olenka, âgée de 11 ans.
"On essaye de voir si on peut continuer à suivre l'enseignement en ligne. Pendant les deux années de Covid, nous avons pu vivre cette expérience [...] J'espère que, là où ce sera possible, un enseignement en ligne sera prodigué", explique Marina Kluchnikov.
Une solution de secours pour la famille, qui "espère" pouvoir retourner un jour en Ukraine, persuadée que Moscou perdra la guerre. "Quand je réalise qu'on pourrait ne pas revenir, cela me rend triste", témoigne Olenka, se sentant "en sécurité" en France.
"Nous avons toujours rêvé de venir en Europe occidentale mais bien évidemment pas dans les circonstances actuelles", confie enfin Marina Kluchnikov, ajoutant qu'elle et sa famille n'ont "pas complètement conscience" que leur vie ne sera plus jamais la même.