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"Nous avons tous pleuré": un membre de l'équipe du sous-marin Titan raconte l'angoisse des recherches

Le Titan, le sous-marin touristique parti exploré l'épave du Titanic, et dont les débris ont été retrouvés dans l'Atlantique.

Le Titan, le sous-marin touristique parti exploré l'épave du Titanic, et dont les débris ont été retrouvés dans l'Atlantique. - BFMTV

Un peu plus d'un an après l'implosion en mer du sous-marin Titan et la mort de ses cinq passagers, dont le spécialiste français du Titanic Paul-Henri Nargeolet, un de ses amis qui participaient à l'expédition depuis un bateau de soutien en surface raconte la peur ressentie jusqu'à ce que les derniers espoirs s'évanouissent.

"Quand le sous-marin a commencé ne plus envoyer de signal, nous ne nous sommes pas inquiétés plus que ça, les communications s'interrompent souvent dans l'océan", ressasse Rory Golden.

Membre de l'équipe qui supervisait depuis un bateau en surface l'expédition du sous-marin Titan, qui a implosé alors qu'il était parti explorer l'épave du Titanic en juin 2023, ce Britannique est revenu auprès de la BBC sur ce drame dans lequel les cinq passagers ont trouvé la mort.

Dans le submersible se trouvait notamment Paul-Henri Nargeolet, un Français mondialement reconnu pour son expertise du Titanic et un ami de Rory Golden, qui partageait sa passion pour l'histoire du bateau de croisière, abîmé en 1912. Le Britannique explique avoir été l'un des derniers voir le Français en vie.

Le Titan "avait montré qu'il fonctionnait"

Paul-Henri Nargeolet "a quitté le navire en pleine forme, avec un moral d'acier, et il était heureux. Il allait là où il voulait aller", au plus près de l'épave, vers laquelle il avait déjà plongé plusieurs dizaines de fois à bord de divers sous-marins, partage Rory Golden.

"Paul-Henri et moi avions déjà discuté du submersible par le passé et j'avais moi-même effectué une plongée à bord l'année précédente", explique le Britannique, qui raconte avoir alors passé "12 heures" à proximité du Titanic. Et rien ne laissait selon lui présager d'un accident.

"Le sous-marin Titan avait effectué 15 plongées sur le Titanic à ce moment-là, il avait donc montrer qu'il fonctionnait", assure-t-il.

"Un faux espoir pendant quatre jours"

Et pourtant, 1h30 après le début de sa descente dans les profondeurs de l'Atlantique nord, le Titan a cessé d'émettre. Après l'insouciance de l'équipe qui envisageait un problème technique mineur, "la sonnette d'alarme a finalement été tirée, et c'est à ce moment-là que nous avons compris qu'il y avait de sérieux problèmes", raconte Rory Golden.

Des recherches ont alors été lancées par les garde-côtes américains. Pendant de longs jours d'incertitudes, "nous avions en tête l'image d'eux en bas, manquant d'oxygène dans le froid glacial, devenant terriblement effrayés", confie Rory Golden.

Au bout de trois jours, des "bruits sourds" ont été détectés, laissant penser à des coups venant du Titan. Mais les autorités ont peu après identifié des restes du submersible à la surface. "Nous avons tous pleuré lorsque les restes du sous-marin ont été retrouvés", assure le Britannique.

Les passagers ont alors été déclarés morts. Selon les rapports d'enquêtes, ils auraient péri presque instantanément dans l'implosion du submersible, peu après la perte de communication avec le bateau. Rory Golden qui se trouvait en surface estime aujourd'hui avoir "vécu dans un faux espoir pendant quatre jours".

Enquête toujours en cours

"Un lien spécial s'est formé entre tous ceux qui étaient présents sur le navire cette semaine-là. Et c'est un lien qui existera toujours", explique-t-il, estimant qu'"il y a encore beaucoup de questions sans réponse".

Un an après l'accident, l'enquête ouverte par les garde-côtes américains et canadiens continue est toujours en cours. Le patron de la société OceanGate, qui a développé le submersible, est mort dans l'expédition, mais d'autres responsables pourraient être poursuivis: il a en effet été révélé que plusieurs experts avaient exprimé des réserves à propos de la sécurité à bord du Titan.

Rory Golden a participé mi-juillet à la première expédition vers le Titanic depuis le drame. Ayant pour objectif d'utiliser des robots dotés de nouvelles technologies pour cartographier l'épave avec énormément de détails, l'expédition a également été l'occasion d'apposer à 3.000 mètres de fond une plaque commémorative en hommage à Paul-Henri Nargeolet, marquée notamment de son surnom de "Mr. Titanic".

Glenn Gillet