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Implosion du Titan: le rapport qui accable l'entreprise OceanGate publié après une longue enquête

Photo non datée fournie par OceanGate Expeditions du submersible Titan.

Photo non datée fournie par OceanGate Expeditions du submersible Titan. - Handout © 2019 AFP

Les garde-côtes américains ont dévoilé ce mardi 5 août leur rapport sur l'implosion mortelle du submersible en juin 2023. Le document est accablant pour la société opérant le sous-marin, OceanGate, et pour son fondateur, Stockton Rush.

L'accident qui a coûté la vie aux cinq passages du submersible Titan était "évitable" et OceanGate, l'entreprise opérant le sous-marin, en est la "première" responsable. Telles sont les conclusions du rapport dévoilé ce mardi 5 août par les garde-côtes américains au terme d'une longue enquête.

Celle-ci a conclu que "le non-respect par OceanGate des protocoles d'ingénierie établis en matière de sécurité, de tests et de maintenance de son submersible était la première cause (de l'accident)".

En juin 2023, des opérations de recherches avaient été menées pendant plusieurs jours pour retrouver la trace de l'appareil, détruit après une implosion. Cinq personnes se trouvaient à bord, descendues dans les profondeurs pour admirer l'épave du Titanic: Stockton Rush, le fondateur d'OceanGate, le Français Paul-Henri Nargeolet, grand spécialiste du Titanic, l'homme d'affaires britannique Hamish Harding, l'homme d'affaires pakistanais Shahzada Dawood et son fils Suleman, âgé de 19 ans seulement.

"Un environnement de travail toxique"

D'après les garde-côtes, les protocoles de sécurité suivis par OceanGate étaient "gravement défectueux" et la majorité des défaillances observées au sein de la société était le fruit de "disparités flagrantes" entre ces protocoles et les pratiques réelles.

La liste des problèmes consignés dans le rapport de plus de 300 pages et relevés pas Associated Press ne s'arrête pas là. Les enquêteurs sont aussi parvenus à la conclusion que l'ensemble des processus concernant la conception, la certification et la maintenance du sous-marin et de sa coque en fibre de carbone étaient inadaptés.

Et lorsque ces problèmes étaient signalés par des employés, la direction d'OceanGate se contentait de les ignorer ou préférait s'en prendre aux messagers. L'entreprise, où régnait un "environnement de travail toxique" selon les garde-côtes, avait ainsi pour usage de virer ou de menacer de licenciement ceux faisant part de leurs préoccupations sur la sécurité du submersible.

Stockton Rush "a fait preuve de négligence"

Cette culture d'entreprise a même amené OceanGate à minimiser voire falsifier certaines informations pour éviter d'être l'objet de trop d'attention de la part des autorités de régulation, peut-on également lire dans le rapport.

"Pendant plusieurs années avant l'accident, OceanGate a eu recours à des tactiques d'intimidation, des dérogations accordées pour des opérations scientifiques, et a tiré profit de sa bonne réputation pour échapper à la surveillance des autorités de régulation", résument les garde-côtes.

Les enquêteurs insistent également sur la responsabilité de Stockton Rush dans cette tragédie, à la fois en sa qualité de PDG d'OceanGate et de pilote du sous-marin. L'entrepreneur américain "a fait preuve d'une négligence qui a contribué à la mort de quatre personnes" et, s'il avait survécu, Stockton Rush "aurait pu être poursuivi pénalement".

Vincent Gautier