Istanbul: un attentat qui porte la marque de Daesh

L'attaque a fait 36 morts, selon un bilan encore provisoire. - BFMTV
L'attaque n'a pas encore été revendiquée, mais de nombreux indices portent à croire qu'il s'agit d'une nouvelle action de Daesh. Si l'organisation jihadiste n'a jamais revendiqué d'attentat contre la Turquie, les autorités lui ont attribué plusieurs attaques meurtrières menées ces derniers mois contre les intérêts touristiques du pays. Dans le cas du triple-attentat suicide perpétré mardi soir contre l'aéroport Atatürk, qui a fait 41 morts et 239 blessés, selon un dernier bilan, la cible comme le mode opératoire semblent porter la signature de Daesh.
Plusieurs attaques attribuées à Daesh
Malgré l'absence de revendication, les autorités turques ont elles-mêmes montré du doigt l'organisation jihadiste, quelques heures seulement après l'attaque. "Les indices pointent Daesh", a ainsi déclaré face à la presse le Premier ministre turc Binali Yildirim, qui s'est rendu dans la nuit sur les lieux de l'attaque.
La Turquie a été visée par de nombreuses attaques depuis un an, et bien qu'aucune n'ait été formellement revendiquée par l'Etat islamique (l'autre nom de Daesh, NDLR), les autorités turques l'ont mis en cause à plusieurs reprises, notamment lorsque des cibles touristiques étaient visées.
Ce fut le cas de l'attentat-suicide commis le 19 mars dernier sur la célèbre avenue Istiklal, à Istanbul, qui avait coûté la vie à quatre touristes (3 Israéliens, et un Iranien). Mais aussi de celui perpétré le 12 janvier 2016 dans le quartier stanbouliote hautement touristique de Sultanhamet, qui avait tué 12 touristes allemands.
Un mode opératoire déjà observé
Par ailleurs, la cible et le mode opératoire rappellent l'attaque menée le 22 mars dernier à l'aéroport de Bruxelles, où deux kamikazes s'étaient fait exploser près des comptoirs d'enregistrement, mais aussi l'attentat du Bataclan, survenu à Paris le 13 novembre 2015, lors duquel trois kamikazes s'étaient introduits dans la salle de concert, avant d'ouvrir le feu par rafales sur le public, et de se faire exploser pour l'un d'entre eux.

La cible, une plateforme stratégique du tourisme en Turquie et au Moyen-Orient, porte également à croire que Daesh pourrait se trouver derrière l'attaque. "L'aéroport d'Istanbul est le 11e le plus fréquenté au monde, et accueille plus de 60 millions de passagers. C'est l'équivalent de l'aéroport de Roissy", fait valoir l'ancien correspondant du journal Le Monde en Turquie, Guillaume Perrier, sur BFMTV.
"L'aéroport Atatürk, c'est le coeur névralgique de l'industrie du tourisme en Turquie. Industrie qui va déjà très mal et qui est une fois de plus frappée de plein fouet, juste avant l'ouverture de la saison touristique", ajoute-t-il, avant de rappeler que les groupes kurdes avaient eux aussi menacé d'attaquer les sites touristiques.
Enfin, pour Christian Makarian, spécialiste des questions internationales à L'Express, l'attaque pourrait être une vengeance de la part de Daesh, "qui fait payer à la Turquie son retournement d'attitude après des années d'ambiguïté et de complaisance, voire de bienveillance".