Syrie: plusieurs chancelleries étrangères prennent contact avec le nouveau pouvoir

Les chancelleries étrangères, au départ prudentes, ont multiplié ce dimanche 15 décembre les démarches pour établir un contact avec le nouveau pouvoir islamiste en Syrie, une semaine après la chute de Bachar al-Assad.
En visite en Syrie, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a rencontré Abou Mouhammad al-Jolani, chef du groupe radical islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), à la tête de la coalition de groupes rebelles qui a chassé Bachar al-Assad du pouvoir, a annoncé la coalition sur sa chaîne Telegram.
Ils ont discuté des "changements survenus sur la scène politique, qui rendent nécessaire une mise à jour" de la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU, selon la même source. Cette résolution adoptée en 2015 établit une feuille de route pour un règlement politique en Syrie.
"Nous devons veiller à ce que la Syrie reçoive une aide humanitaire immédiate accrue pour la population et pour tous les réfugiés qui souhaitent rentrer", a déclaré plus tôt dans la journée Geir Pedersen, dont la visite est la première d'un haut responsable de l'ONU depuis la fuite d'Assad en Russie.
Le 8 décembre, la coalition rebelle est entrée à Damas et annoncé le renversement du pouvoir, après une offensive fulgurante qui lui a permis de s'emparer d'une grande partie du pays en 11 jours. Lâché par ses alliés iranien et russe, Bachar al-Assad a fui à Moscou.
"Nous pouvons avoir des contacts diplomatiques"
HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, affirme avoir rompu avec le jihadisme mais reste classé "terroriste" par plusieurs capitales occidentales, dont Washington.
Plusieurs pays et organisations avaient salué la chute d'Assad, disant cependant attendre de voir comment les nouvelles autorités, musulmanes sunnites, vont traiter les minorités du pays multiethnique et multiconfessionnel.
Entretemps, plusieurs ont annoncé avoir établi un contact avec elles. Après Washington samedi, le Royaume-Uni a annoncé dimanche avoir établi des "contacts diplomatiques" avec HTS.
HTS "reste une organisation terroriste interdite (au Royaume-Uni), mais nous pouvons avoir des contacts diplomatiques", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy.
De son côté, la France a annoncé l'envoi d'une mission diplomatique mardi à Damas, la première depuis 12 ans, pour "établir de premiers contacts" avec les nouvelles autorités. Doha a de son côté annoncé la réouverture mardi de son ambassade en Syrie après l'arrivée dimanche d'une délégation qatarie dans le pays où elle a rencontré les nouvelles autorités.
La Turquie, acteur majeur dans le conflit en Syrie et soutien des nouvelles autorités, avait déjà rouvert samedi son ambassade à Damas après plus de 12 ans de fermeture.
Après 50 ans de règne sans partage du clan Assad et d'une répression implacable, les nouvelles autorités s'emploient à rassurer la communauté internationale. Le nouveau Premier ministre chargé de la transition, Mohammad al-Bachir, a promis de "garantir les droits de tous", alors que les Syriens tentent de reprendre leur vie normale.