Syrie : la communauté internationale à la recherche d'un plan... français et "positif"

Le président du Conseil national syrien, Abdel Basset Sayda, à Paris le 10 octobre 2012. - -
Dernièrement la diplomatie française a commencé à dessiner un plan discret mais réel pour influer positivement sur les évènements en Syrie. "Positivement", c'est mon mot, et il est crucial: le Quai d'Orsay ne veut pas la victoire pure et dure de l'Armée syrienne libre (ASL) si c'est pour voir émerger une espèce de caliphat.
La présence d'éléments étrangers au sein de la constellation ASL n'est pas niée par les diplomates français, même si l'exacte ampleur de la présence djihadiste, étrangère, et djihadiste-étrangère, n'est pas claire. Dix pourcent, 50 pourcent? Les diplomates ne diront pas.
Positivement : cela veut dire que l'ASL vainqueur devrait être aussi peu djihadiste que possible. Si elle est conservatrice sunnite, on peut fermer les yeux. Ajoutons quelques pelotons chrétiens (un certain Ansar Allah se dit chrétien et arbore des croix dans une de ces vidéos classiques du groupe masqué et armé autour du chef qui lit à haute voix et à toute vitesse la déclaration de principes), et quelques pelotons alaouites (il faut vraiment les chercher dans la presse informée sur le terrain), et voilà les ingrédients exotiques pour faire une ASL présentable.
Zones libérées pas trop proches des rebelles armés
Revenons au plan français : la diplomatie française mise sur une autre stratégie autre que la simple victoire militaire de l'ASL. L'idée est d'amener une halte aux combats, le départ de Bachar al-Assad, et une transition démocratique. Pour l'esprit, c'est très bien ; dans les faits actuels, c'est un conte de fées. Plus sérieusment l'idée est de créer une zone syrienne libre.
"Libérée" est le mot des diplomates français, et ils l'utilisent librement. Un bassin de population de 700.000 personnes, quelque part dans les trois gouvernorats d'Idleb, d'Alep, et de Deir Ezzor. Cinq d'abord, et bientôt 12 villages, qui sont gouvernés d'une manière que l'ambassadeur de France en Syrie, Éric Chevallier, (qui officie depuis l'extérieur du territoire syrien où sa présence serait ultra-malvenue), ne refuse pas de comparer à ce qui a existé dans les Balkans après la chute de l'État yougoslave ou dans l'Asie du Sud-Est après le passage du tsunami. Un mini-gouvernement local, vers qui va l'aide française et internationale à hauteur de dizaines de millions dont la plus grosse partie sert les besoins de l'aide humanitaire des réfugiés.
Photos embarrassantes ou geste historique ?
En conclusion : la hantise de funestes "jours d'après le départ de Bachar al-Assad" (expression employée en diplomatie occidentale actuellement) fait que si le Quai d'Orsay et l'Élysée sont excédés par Assad, ils ne sont pas amoureux de l'ASL, et ont misé sur les populations locales autant sinon plus que sur le cacophonique Conseil National Syrien (CNS).
François Hollande est bien le premier chef d'État au monde à rencontrer le président du CNS, Abdel Basset Sayda, à Paris. Une réminiscence de Nicolas Sarkozy avec Moustapha Abdel Jalil, le président du Conseil national de transition libyen, en 2011 sur le perron de l'Élysée. Les deux hommes politiques français auront chacun leur photo avec un conseil national pour l'album de souvenir, mais la voudront-ils dans les livres d'histoire ?