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Syrie: François Hollande plaide pour la reprise des négociations

François Hollande à l'Élysée le 11 avril 2017

François Hollande à l'Élysée le 11 avril 2017 - Lionel Bonaventure-AFP

Dans un entretien au Monde publié ce mercredi, François Hollande livre son analyse sur le conflit en Syrie. Selon le président, la reprise des négociations est une nécessité et le départ de Bachar al-Assad une évidence.

François Hollande appelle à la reprise des négociations en Syrie. Dans un entretien au Monde publié ce mercredi, le président de la République se confie sur le conflit qui ensanglante ce pays du Proche-Orient depuis 2011 et qui a fait 400.000 morts et quelque 5 millions de réfugiés, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR)

Les États-Unis ont eu la "courtoisie" de prévenir la France

François Hollande défend les frappes américaines sur un aéroport de Syrie en représailles à l'attaque chimique lancée par Bachar al-Assad. Et précise que les États-Unis ont eu la "courtoisie" de prévenir les autorités françaises quelques heures avant. "On leur a fait comprendre qu'on approuvait cette frappe" mais il estime qu'il "faut faire comprendre à Donald Trump que le multilatéralisme est préférable".

"Dès lors que Donald Trump a fait ce choix, et quelle que soit l'interprétation que nous en avons - une motivation de politique intérieure, une frappe unique, une volonté d'impressionner ou tout simplement son imprévisibilité - il a créé un événement qui doit être utilisé politiquement par la France, par l'Europe, pour ramener le plus possible les différentes parties du conflit à la négociation", explique le chef de l'État au grand quotidien du soir.

Un lien entre la non-intervention en 2013 et l'Ukraine

Il regrette par ailleurs que son prédécesseur à la Maison Blanche, Barack Obama, ait refusé en 2013 d'intervenir alors que Bachar al-Assad avait franchi la "ligne rouge" en utilisant des armes chimiques contre son peuple à la Ghouta. François Hollande se dit "convaincu" que l'histoire de la Syrie aurait été différente. Et selon lui, cette décision a même eu d'autres répercussions.

"Obama n'a pas vu qu'il ne s'agissait pas seulement de la Syrie et de la "ligne rouge" face à Bachar Al-Assad. Pour Vladimir Poutine, cela a été la révélation que les États-Unis préféraient toujours la voie du compromis, la discussion, la diplomatie, plutôt que la force. Je fais un lien entre ce qui ne s'est pas passé en Syrie et ce qui s'est passé en Ukraine."

Le départ de Bachar Al-Assad "est une évidence"

Concernant l'attaque au gaz sarin le 4 avril dernier qui a fait 87 morts à Khan Cheikhoun, près d'Idlib, le chef de l'État "ne pense pas que ce soit une provocation". "Ce régime a un sentiment d'impunité. Il a pensé que l'ayant déjà fait, et répété, cela soulèverait des haut-le-cœur mais ne provoquerait rien de plus." Une arme chimique qui n'a pas été utilisée, selon François Hollande, "par hasard ni par maladresse, ou seulement pour créer une forme de terreur. La frappe avait des raisons tactiques, elle visait à créer un rapport de force sur le terrain, à causer des pertes".

Mais selon le président, un "langage commun" peut être trouvé pour parvenir à une sortie de crise en Syrie, assurant qu'au "terme du processus", le départ de Bachar Al-Assad "est devenu une évidence". 

"Notre position était apparue plus sévère que d'autres à l'égard du régime car on aurait voulu le punir davantage. Mais les faits, maintenant, nous donnent raison."

Céline Hussonnois-Alaya