Frappes américaines en Syrie: quelles conséquences sur la campagne?

C'est un retour en force. Avec les frappes américaines en Syrie ce vendredi, l'international, apanage du chef de l'Etat, se place au cœur du débat de l'élection présidentielle à deux semaines du premier tour. S'il est probable que les sujets nationaux reprennent le dessus dans les derniers instants de la campagne, une séquence décisive s'ouvre aujourd'hui pour les candidats, qui devront montrer qu'ils sont capables d'endosser l'uniforme de chef des armées en plus du costume de président. Avec cette crise, ce sont leurs images personnelles de présidentiables qu'ils éprouvent.
"L’utilisation d’armes chimiques par Bachar al-Assad et la réponse de Donald Trump prouvent que le futur président de la République va être confronté matin, midi et soir à ce genre d’actualité, c’est aussi ça qu’on doit avoir en tête au moment d’aller voter", analyse Laurent Neumann, éditorialiste BFMTV.
Le Pen en porte-à-faux, Fillon en position de force
"Ça change le cadre de cette présidentielle", confirme notre éditorialiste Christophe Barbier. "Ça va créer une nouvelle hiérarchie au sein des candidats: on sait depuis le début que ce genre de circonstance doit ou peut favoriser François Fillon, parce qu’il a l’expérience d’homme d’Etat, parce que sa connaissance, sa proximité avec Poutine lui donne un certain avantage (…). Il a été habile dans sa manière de présenter cette relation aux Français. Il est ami avec Poutine pas pour dire oui à tout, mais pour obtenir des résultats."
Marine Le Pen se retrouve quant à elle dans un entre-deux délicat: prise de court par l'intervention américaine alors qu'elle avait salué la volonté de désengagement de Donald Trump dans ce dossier, elle est également rattrapée par sa position sur Bachar al-Assad, qu'elle estimait être un "moindre mal", et son soutien à Vladimir Poutine. "Marine Le Pen est très fragilisée", estime ainsi Christophe Barbier, "ça affaiblit sa capacité à nous dire qu'elle aura une diplomatie cohérente".
Macron et Hamon dans le sens du vent, Mélenchon menacé
Dans le sens du vent, Emmanuel Macron s'est prononcé jeudi soir dans l'Emission politique de France 2 en faveur d'une intervention.
"Les faits lui ont donné raison", affirme Christophe Barbier, il était "le seul à être allé aussi loin dans l’interventionnisme, encore était-il prudent, puisqu’il mettait cela sous l’égide de l’ONU, en disant qu’il fallait que le diplomatique accompagne le militaire".
A gauche, Benoît Hamon, détracteur acharné de Bachar al-Assad, est désormais en position d'attaquer Jean-Luc Mélenchon sur ce sujet, alors que le leader de la France insoumise a établi une hiérarchie des menaces plaçant Daesh avant le président syrien dans la région. Une position qu'il devra clarifier pour ne pas se faire prendre au piège.