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Syrie

Syrie: des Casques blancs secrètement évacués par Israël

Des Casques blancs et leurs familles évacués de Syrie en bus par l'armée israélienne, dans la nuit du 21 au 22 juillet 2018.

Des Casques blancs et leurs familles évacués de Syrie en bus par l'armée israélienne, dans la nuit du 21 au 22 juillet 2018. - AFP

Plus de 400 Casques blancs, ces secouristes volontaires dans les zones rebelles en Syrie, ont été évacués par Israël vers la Jordanie alors qu'ils semblaient pris au piège face à l'offensive du régime dans le sud syrien. Trois pays se sont proposés pour les accueillir.

Une opération nocturne et secrète. Plus de 400 Casques blancs, secouristes volontaires dans les zones rebelles en Syrie, et membres de leur famille ont été évacués dans la nuit de samedi à dimanche par Israël vers la Jordanie alors qu'ils semblaient pris au piège face à l'offensive du régime dans le sud syrien.

Evacués dans le plus grand secret

Les personnes évacuées, au nombre de 422 selon un nouveau chiffre fourni par les autorités jordaniennes, doivent être accueillis par la Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Canada, qui sont à l'initiative de cette opération exécutée dans le plus grand secret.

Les Casques blancs sont devenus célèbres pour leurs opérations de secours en Syrie, où le conflit a fait plus de 350.000 morts et des dégâts considérables depuis 2011. Leur travail, très médiatisé, leur avait valu d'être considérés pour le prix Nobel de la paix en 2016.

En danger en Syrie

Après que diverses sources ont annoncé dimanche matin qu'environ 800 Syriens, des membres des Casques blancs et leur famille, avaient été évacués de Syrie via Israël vers la Jordanie, le ministère jordanien des Affaires étrangères a précisé en soirée que seules 422 personnes étaient arrivés dans le royaume.

Ils doivent être hébergés en Jordanie pour trois mois maximum avant d'être transférés vers la Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Canada, qui se sont manifestés pour les accueillir, selon les autorités à Amman.

Le chef des Casques blancs, Raëd Saleh, a affirmé qu'"un certain nombre de bénévoles avaient été évacués avec leurs familles pour des raisons purement humanitaires" car ils étaient en danger dans les provinces de Qouneitra et Deraa, en raison de "menaces répétées contre eux par la Russie et le régime". Moscou et Damas accusent en effet les secouristes d'être liés à des groupes jihadistes et de véhiculer des "mensonges" sur leurs opérations militaires. Il est pour l'heure impossible de savoir combien de secouristes se trouvent toujours dans le sud syrien.

Deux passages

Selon l'armée israélienne, l'opération s'est déroulée dans la nuit de samedi à dimanche et les proches des Casques blancs évacués sont surtout des enfants.

D'après le quotidien israélien Haaretz, les évacués, dont l'armée israélienne avait une liste des noms, ont convergé vers deux points de rassemblements distincts. L'armée a ouvert ces deux passages et fait monter les personnes dans des bus qui les ont transportés directement à un poste-frontière avec la Jordanie.

"Ces personnes ont sauvé des vies et la leur était maintenant en danger, c'est pourquoi j'ai accepté de les emmener via Israël vers un pays tiers", a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Toutefois, un second groupe "n'a pu arriver à la frontière à cause de la situation sur le terrain", durant le laps de temps pendant lequel la frontière israélienne a été ouverte. Ce groupe se trouve toujours en Syrie et il n'est pas certain qu'une nouvelle opération puisse être montée, en raison de la situation "précaire" sur le terrain.

Prochainement accueillis par Londres, Berlin et Ottawa

A Londres, le chef de la diplomatie, Jeremy Hunt, a indiqué dans un communiqué avoir "estimé (...) que les (Casques blancs) avaient besoin d'une protection immédiate", rappelant qu'ils avaient été "la cible d'attaques" par le passé.

A Berlin, une source diplomatique a confirmé que l'Allemagne, qui a financé le groupe à hauteur de 12 millions d'euros depuis 2016, "participera avec plusieurs partenaires internationaux à l'accueil des Casques blancs évacués". Le ministère canadien des Affaires étrangères a de son côté assuré qu'Ottawa allait accueillir jusqu'à 50 Casques blancs avec leurs familles, soit environ 250 personnes, selon la chaîne publique CBC.

Bénévoles, les Casques blancs sont sortis de l'anonymat grâce à des vidéos poignantes relayées sur les réseaux sociaux, les montrant, casques sur la tête, se ruer sur les lieux bombardés pour extraire des survivants, surtout des enfants, ensevelis sous les décombres des immeubles détruits par les bombardements du régime ou de son allié russe. Ces secouristes insistent sur leur neutralité et leur non affiliation avec un groupe politique ou armé. 

Adrienne Sigel avec AFP