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Syrie

Syrie: âgé de 15 ans, il filme les frappes sur la Ghouta orientale de l'intérieur

Muhammad Najem filme les frappes aériennes menées par le régime syrien dans la Ghouta orientale, en février 2018

Muhammad Najem filme les frappes aériennes menées par le régime syrien dans la Ghouta orientale, en février 2018 - Muhammad Najem / YouTube

Alors que le régime syrien mène une nouvelle offensive aérienne sur la Ghouta orientale depuis le 18 février, un jeune habitant de 15 ans, Muhammad Najem, a décidé d'alerter la communauté internationale sur le "génocide" qui est en train de se produire dans la région, en se filmant dans son quotidien.

Il a 15 ans et rêve de devenir un jour reporter. Muhammad Najem vit dans la Ghouta orientale, dernier bastion contrôlé par les rebelles dans la banlieue de Damas. Une région assiégée par le régime syrien depuis le début de la guerre civile mais où vivent encore retranchées 400.000 personnes. Pour témoigner de la violence des attaques perpétrées par Bachar al-Assad et ses alliés, ce jeune Syrien a décidé de se filmer dans les rues avec son téléphone portable. Depuis deux mois, alors qu'il a dû arrêter ses études en raison des bombardements incessants, il poste régulièrement ses vidéos sur son compte Twitter et sur YouTube. Face caméra, il revient sur les derniers bilans, interviewe ses jeunes camarades sur leurs conditions de vie et s'adresse surtout à la communauté internationale qu'il appelle à réagir. "Votre silence nous tue", lance-t-il dans plusieurs de ses enregistrements.

"Nous savons que vous êtes lassés de nos images sanglantes mais nous ne cesserons de vous interpeller. Bachar al-Assad, Poutine et Khamenei tuent notre enfance. Sauvez-nous avant qu'il ne soit trop tard. Quel est ce monde qui est capable d'envoyer des engins sur Mars mais qui ne peut empêcher les hommes de s'entretuer ?", s'interroge le jeune adolescent.

Au moins 400 morts

Dans ses derniers posts, Muhammad Najem dévoile les images de son école anéantie, un portrait de lui et d'un de ses amis à la sortie de l'hôpital après le bombardement de sa maison et évoque la nouvelle offensive aérienne lancée par le régime syrien le 18 février dernier. Après cinq jours de frappes, le bilan est lourd, très lourd: au moins 400 morts dont 95 enfants, s'alarme l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

Un bilan qui risque de s'alourdir car à en croire un journal proche de Bachar al-Assad, cette nouvelle campagne de bombardements sur la Ghouta orientale serait le prélude à une offensive terrestre des forces progouvernementales. Il n'a que 15 ans mais Muhammad Najem pèse ses mots: "Ce qui se passe ici, c'est un génocide".

Mélanie Rostagnat