Nobel de la paix: qu'est-ce que l'OIAC, lauréat 2013?

Le siège de l'OIAC (OPCW en anglais), à La Haye, aux Payx-Bas. - -
Quelques jours après avoir commencé sa mission de démantèlement en Syrie, le 1er octobre, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) se voit récompensée du prix Nobel de la paix 2013. Discrète mais intervenant au cœur des conflits diplomatiques, cette organisation internationale, mise en place il y a une quinzaine d'années, veille au respect de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, signée en 1993, et censée empêcher la fabrication et le stockage d'armes chimiques. Quelles sont les missions de l'OIAC? Qui la compose? BFMTV.com fait le point.
> Une organisation internationale...
Accompagnant la mise en place de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, qui a pour objectif l'interdiction complète des armes chimiques mais aussi la destruction des arsenaux chimiques existants, l'OIAC est chargée de veiller au bon respect de la Convention par les Etats l'ayant signée. Les deux institutions sont entrées en vigueur le 29 avril 1997.
Basée à La Haye, aux Pays-Bas, l'OIAC compte aujourd'hui 189 Etats membres, qui représentent environ 98% de la population mondiale. La Corée du Nord, l'Egypte, l'Angola et le Sud-Soudan n'ont pas signé la Convention. La Birmanie et Israël, eux, l'ont signée mais pas ratifiée.
La Syrie a, quant à elle, adhéré à la Convention à la mi-septembre et remis dans la foulée un inventaire de son arsenal chimique à l'OIAC, qui a d'ores et déjà commencé sa mission sur le territoire syrien.
> ...mais peu connue
Avant son intervention sur le dossier syrien, notamment à la suite de l'attaque chimique perpétrée le 21 août dernier près de Damas, l'OIAC était peu connue du grand public et avait pour habitude de travailler dans l'ombre, sur des missions bien moins médiatisées.
"C'est une organisation technique, ce qui explique qu'elle soit méconnue", justifie pour sa part Bruno Tertrais, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, interrogé par BFMTV. "Elle n'a pas de rôle politique, elle est entièrement entre les mains des pays membres", rappelle-t-il.
> Nombreuses missions
Pourtant, l'OIAC est déjà intervenue sur de nombreux terrains. Ainsi, plus de 58.000 tonnes d'agents chimiques ont été détruits par ses inspecteurs, sur plusieurs fronts: Irak, Libye, Russie ou encore Etats-Unis.
Selon le site officiel de l'organisation, 5.286 missions d'inspection ont été réalisées par l'OIAC depuis 1997, dans 86 Etats membres de la Convention, dont 2.731 inspections liées à la présence d'armes chimiques. "C'est une organisation qui fonctionne très bien et qui met en place des mécanismes très novateurs de désarmement international", estime sur BFMTV Olivier Lepick, spécialiste des armes chimiques et biologiques.
"Pour la première fois dans l'histoire du désarmement multilatéral, un corps d'inspecteurs peut, sous des délais très brefs, aller vérifier la réalité de l'engagement des Etats. Alors que pendant la Guerre froide, un certain nombre de traités ont été signés par des Etats, notamment l'URSS, mais n'ont jamais été respectés. Cette Convention met en œuvre la véritable vérification de l'engagement des Etats, via l'OIAC", explique l'expert.
> Qui sont les inspecteurs de l'OIAC ?
Au-delà de ses organes institutionnels que sont la Conférence des Etats membres et le Conseil exécutif, l'OIAC est composée d'un Secrétariat technique, qui est dirigé depuis 2010 par le diplomate turc Ahmet Uzumcu, et qui emploie 500 fonctionnaires.

Parmi eux, 200 inspecteurs de nationalités différentes, envoyés pour des missions de démantèlement sur le terrain. "De grands professionnels", comme l'expliquait en septembre à BFMTV.com Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, et qui travaillent quotidiennement auprès de produits hautement dangereux.
En effet, le contact sur la peau du gaz sarin, présent en énorme quantité dans l'arsenal chimique syrien, entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire. Pour mener à bien leurs missions, qui peuvent durer plusieurs mois, voire plusieurs années, les inspecteurs s'équipent donc de casques, de gilets pare-balles, mais aussi de masques à gaz.