Les frappes des armées syriennes et russes précipitent les civils à Kilis

Mahmoud s'est réfugié en Turquie, à Kilis, avec sa petite Amina âgée de 4 mois. - BFMTV
La France et le Royaume-Uni ont exigé mercredi de la Russie qu'elle cesse ses bombardements sur la ville syrienne d'Alep et du régime syrien qu'il donne un meilleur accès humanitaire à sa population. L'armée syrienne aidée de l'aviation russe a renforcé mercredi son contrôle dans la province d'Alep, au dixième jour d'une offensive qui a fait plus de 500 morts et poussé à la fuite des dizaines de milliers de civils bloqués à la frontière turque.
Alors que la Turquie maintient sa frontière fermée, les civils sont nombreux à essayer de la traverser. BFMTV a rencontré Yetim Dirbes à Kilis, ville turque situé à la frontière syrienne. Il a réussi à traverser illégalement la frontière en payant un passeur 270 euros.
"C'était très dangereux, il faisait nuit noire. C'était très difficile, car les soldats ont droit de nous tirer dessus", raconte-t-il.
Comme lui, Mahmud Khatip a fait appel à un passeur pour fuir avec son épouse et leur nourrisson.
"Il n'y a pas de bombardement ici, la vie est bien meilleure qu'en Syrie", constate-t-il. Ils vivaient à 30 kilomètres au nord d'Alep et ils sont partis juste à temps. "Deux jours après avoir quitté la Syrie, un ami m'a appelé pour me dire qu'un missile était tombé sur ma maison et que tout était détruit. J'avais laissé toutes nos affaires là-bas et maintenant tout a brûlé".
Depuis vendredi, les barrières du poste-frontière d'Oncupinar sont restées baissées. Les déplacés sont pour l'heure cantonnés dans des camps de fortune installés dans la localité frontalière de Bal al-Salama, juste en face. Mais la pression monte côté syrien, où la situation humanitaire est déjà qualifiée de "désespérée". Les estimations les plus alarmistes circulent côté turc sur l'ampleur de la nouvelle vague qui pourrait déferler sur Kilis.
"Ils détruisent tout"
Avant le début de la guerre civile syrienne, la ville-frontière turque comptait environ 100.000 habitants. Selon les autorités locales, elle a plus que doublé de volume avec l'arrivée de 134.000 Syriens. Seuls 34.000 sont installés dans des camps. Les autres vivent en ville, la plupart de petits boulots.
La Turquie ne laisse plus passer que les blessés. Certains comme Mahmoud, combattant de l'armée syrienne libre, ont été touchés au combat:
"Les combats sont vraiment très intenses. En plus des raids aériens les Russes envoient des missiles sur la ville. L'escalade est vraiment impressionnante. Ils détruisent tout, peu importe que ce soit des civils ou pas", nous a-t-il livré depuis son lit d'hôpital.
"Ils ont attaqué une école"
Dans la chambre d'à côté, une mère nous montre ces deux enfants de 9 et 5 ans grièvement blessés. Vendredi dernier, ils dînaient quand un raid aérien russe a fait exploser leur maison.
"Dans notre zone ils ont attaqué une école, un hôpital et une mairie. Pourtant, chez nous, il n'y a ni Daesh ni des Kurdes" , assure-t-elle.
La plupart de ces déplacés rêvent de retraverser la frontière le plus rapidement possible et de rentrer au pays. Alors que le conflit s'enlise depuis près de cinq ans, la Russie s'est dite prête jeudi à discuter des modalités d'une trêve dans les bombardements en Syrie. L'opposition syrienne et les Occidentaux l'exigent, ils imputent à la poursuite des frappes russes l'échec des négociations de paix à Genève.
Les États-Unis et leurs alliés vont tenter de mettre Moscou sous pression jeudi à Munich où se réunissent les ministres des Affaires étrangères des principaux pays impliqués dans le conflit syrien.