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Palestine

Un organisme soutenu par l'ONU affirme que le "pire scénario de famine est en cours à Gaza"

Des Palestiniens récupérant de l'aide humanitaire distribuée par parachute à l'ouest de Deir al-Balah, au centre de Gaza, le 28 juillet 2025.

Des Palestiniens récupérant de l'aide humanitaire distribuée par parachute à l'ouest de Deir al-Balah, au centre de Gaza, le 28 juillet 2025. - ASHRAF AMRA / ANADOLU / Anadolu via AFP

Un rapport IPC, qui surveille l'ampleur de l'insécurité alimentaire au niveau mondial avec l'aide de plusieurs organismes dont l'ONU, a alerté ce mardi 29 juillet sur la situation à Gaza qui est décrit comme "le pire scénario de famine".

Le "pire scénario de famine est en cours dans la bande de Gaza" en raison de l'intensification des combats, des déplacements massifs de populations et des restrictions à l'aide humanitaire, selon le rapport IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) publié ce mardi 29 juillet.

La crise humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par près de 22 mois de guerre "a atteint un tournant alarmant et mortel", souligne ce rapport, fruit du travail d'organisations non-gouvernementales, institutions régionales et agences de l'ONU spécialisées.

Les largages aériens de vivres récemment autorisés par Israël "ne seront pas suffisants pour inverser la catastrophe humanitaire", avertit le document, selon qui ces parachutages sont plus coûteux, moins efficaces et plus dangereux que les acheminements par la route.

En mai dernier, le consortium, qui détermine le niveau d'insécurité alimentaire selon cinq niveaux, avait classé 1,95 million d'habitants de la bande de Gaza (93% du total) en situation de "crise" (niveau 3), dont 925.000 en niveau 4 (urgence) et 244.000 en situation de catastrophe (niveau 5). Une nouvelle analyse chiffrée de la situation est en cours, indique le rapport.

"Les seuils de famine ont été atteints"

Cette alerte IPC est lancée au moment où les Nations Unies ont mis en garde contre toute utilisation de la faim comme arme de guerre, et que la pression internationale s'accentue sur Israël pour qu'il mette fin à son blocus total de Gaza imposé en mars.

"Les dernières données indiquent que les seuils de famine ont été atteints (...) dans la majeure partie de la bande de Gaza", indique le rapport, selon lequel "une personne sur trois passe plusieurs jours sans rien manger".

"Plus de 20.000 enfants ont été traités contre la malnutrition aiguë entre avril et mi-juillet, dont plus de 3.000 souffraient de malnutrition sévère. Les hôpitaux ont signalé une augmentation rapide des morts liées à la faim chez les enfants de moins de cinq ans, avec au moins 16 décès signalés depuis le 17 juillet", ajoute le document.

"Une action immédiate et à grande échelle est nécessaire pour mettre fin aux hostilités et permettre un accès humanitaire sans entrave", plaide le consortium. "Ne pas agir maintenant entraînera des morts massives dans une grande partie de la bande de Gaza", avertit-il.

Selon Ross Smith, directeur des urgences du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, la catastrophe humanitaire à Gaza "ne ressemble à rien de ce que nous avons vu au cours de ce siècle".

"Cela nous rappelle les catastrophes survenues en Éthiopie ou au Biafra (Nigeria, NDLR) au siècle dernier", a-t-il déclaré ce mardi devant des journalistes. "Nous avons besoin d'agir urgemment, maintenant".

Une pause de l'offensive israélienne

L'armée israélienne a annoncé ce dimanche une pause limitée dans son offensive dans la bande de Gaza, où des agences internationales ont recommencé à distribuer de l'aide humanitaire pour la première fois depuis des mois. Mais Israël a poursuivi son offensive hors des heures et des zones concernées par cette "pause tactique" quotidienne de 10 heures à 20 heures (de 7 heures à 17 heures GMT) dans certaines zones.

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent contre Israël par le mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023. Cette attaque avait entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

L'offensive israélienne lancée en riposte dans la bande de Gaza a fait au moins 59.921 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du territoire palestinien, jugées fiables par l'ONU.

JMA avec AFP