"La solution à deux États est la seule voie": l'appel de Macron et du président indonésien sur le conflit israélo-palestinien

Le président Emmanuel Macron parle avec le président indonésien Prabowo Subianto lors de la signature d'un accord au palais Merdeka à Jakarta, le 28 mai 2025 - Ludovic MARIN
La France et l'Indonésie ont appelé ensemble, ce mercredi 28 mai, à des "progrès" en juin vers une "reconnaissance mutuelle entre Israël et Palestine", lors d'une visite d'Emmanuel Macron à Jakarta où il entendait embarquer le pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde dans ses efforts diplomatiques.
"L'Indonésie a indiqué qu'une fois qu'Israël aura reconnu la Palestine, elle sera prête à reconnaître Israël et à établir des relations diplomatiques", a déclaré devant les caméras le président indonésien Prabowo Subianto au côté de son homologue français après un long entretien en tête-à-tête.
"La solution à deux États et la liberté de la Palestine sont la seule voie vers une paix véritable", a-t-il martelé.
Dans ce cadre, "nous devons reconnaître et garantir les droits d'Israël en tant que pays souverain, auquel il faut prêter attention et dont la sécurité doit être garantie", a-t-il ajouté. L'Indonésie défend cette solution de longue date, mais n'entretient pas à ce jour de relations avec Israël.
Même si l'engagement de mercredi reste très hypothétique à ce stade, la déclaration forte du président Prabowo constitue un rare gage en ce sens, dans un pays où l'opinion est très sensible à la situation des Palestiniens à Gaza.
Une "feuille de route crédible" d'ici juin
Les deux pays ont publié une déclaration conjointe condamnant les plans israéliens de prise de contrôle du territoire palestinien assiégé et tout "déplacement forcé de la population palestinienne".
Mais ils ont aussi souhaité de concert que la conférence internationale que la France et l'Arabie saoudite coprésideront en juin à l'ONU sur la question débouche sur une "feuille de route crédible" et des "progrès" vers une "reconnaissance mutuelle entre Israël et Palestine". Et favorise une dynamique "vers une reconnaissance de l'Etat de Palestine par tous les pays avec des garanties de sécurité pour tous".
L'Elysée se félicite de ce message diplomatique commun, et assurait avant la rencontre que "tous les pas (...) en direction d'une reconnaissance mutuelle" sont "des pas de géant au vu de la situation actuelle à Gaza".
Car dans sa "détermination" à reconnaître un État de Palestine, potentiellement dès juin, Emmanuel Macron espère en contrepartie obtenir des gages des pays arabo-musulmans. L'Indonésie est la deuxième étape de la tournée de six jours du président français en Asie du Sud-Est.
"La France ne connaît pas de double standard"
Arrivé mardi soir du Vietnam, avant de conclure son déplacement jeudi soir et vendredi à Singapour, il veut vanter à Jakarta sa troisième voie chez le chantre historique des non-alignés, dans cette région prise dans la confrontation croissante entre les États-Unis et la Chine.
Le dossier palestinien devait être pour lui l'occasion de tenter de démontrer qu'il n'y a pas deux poids deux mesures de son côté dans l'engagement pour la paix au Moyen-Orient par rapport à l'investissement massif des Occidentaux en faveur de l'Ukraine.
"Je sais toute l'émotion suscitée par cette guerre" israélo-palestinienne "et les questions parfois sur la position de l'Europe et de la France", a déclaré Emmanuel Macron après avoir été accueilli en grande pompe par son homologue, qu'il a qualifié de "frère" et qui sera invité d'honneur au 14 juillet à Paris.
"La France ne connaît pas de double standard", a-t-il assuré, rappelant qu'elle soutenait le droit d'Israël à se défendre après l'attaque du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023 tout comme elle condamnait la poursuite des opérations militaires contre Gaza.
Un message adressé à Pékin et Washington
Au-delà, il a fait du renforcement du partenariat franco-indonésien "dans tous les domaines, défense et sécurité, économie, culture" l'exemple de ce qu'il souhaite pour la France avec tous les pays de l'Asie du Sud-Est. Comme au Vietnam, le chef de l'État a présenté la France en "puissance de paix et d'équilibres", soucieuse d'un ordre international "fondé sur le droit".
Un message qui s'adresse à la fois à Pékin, qui se fait de plus en plus offensif dans ses revendications territoriales en mer de Chine méridionale, et à Donald Trump et ses menaces de hausse drastique des droits de douane.
Emmanuel Macron espère traduire son positionnement en contrats pour les entreprises françaises, notamment en matière de défense, d'énergie et de minerais critiques, dans une région en quête de partenaires pour desserrer l'étaut entre ces deux superpuissances. Mais il n'a évoqué devant la presse que des "perspectives" de "nouvelles commandes" d'avions de chasse Rafale ou de sous-marins Scorpène.
Les deux pays ont en tout cas annoncé un accroissement de leur coopération de défense, alors que l'Indonésie s'est fournie par le passé notamment en Russie pour ses avions de chasse. Jeudi, Emmanuel Macron se rendra à Yogyakarta, dans le centre de Java où il visitera le temple bouddhiste de Borobudur ainsi qu'une académie militaire.