Gaza: un entrepôt de l'ONU pillé par des milliers de Palestiniens affamés

Des milliers de Palestiniens ont pillé ce mercredi 28 mai au soir un entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM) de Gaza, au lendemain d'une distribution d'aide chaotique dans l'enclave dévastée par la guerre entre Israël et le Hamas.
Selon des images tournées par l'AFP, la foule n'a rien laissé, emportant sacs de nourriture, palettes de bois ou encore madriers alors que des tirs retentissaient. "Des hordes de gens affamés ont fait irruption dans l'entrepôt (...) à la recherche de produits alimentaires qui avaient été prépositionnés en vue d'être distribués", a déploré le PAM dans un communiqué appelant à un "accès humanitaire sûr et sans entraves".
Le communiqué indique que le PAM essaie de confirmer des informations faisant état de deux morts et plusieurs blessés au cours de l'incident. "Le PAM n'a cessé de mettre en garde sur la détérioration de la situation, (...) et les risques que font peser la limitation de l'aide humanitaire à des gens affamés ayant un besoin désespéré d'assistance", ajoute le texte.
"Toutes les boites d'aide ont été déchiquetées"
Israël a partiellement levé la semaine dernière le blocus total de l'aide à Gaza imposé depuis le 2 mars, officiellement pour contraindre le Hamas à relâcher ses derniers otages. Depuis, le pays dit avoir laissé passer plusieurs centaines de camions humanitaires.
Mardi, une distribution chaotique a fait 47 blessés dans un centre de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) - une nouvelle organisation créée avec le soutien d'Israël et des États-Unis, qui a mis en place un système que l'ONU juge contraire aux principes humanitaires.
"Toutes les boites d'aide ont été déchiquetées et chacun prenait ce qu'il voulait", raconte un habitant, Qasim Chalouf, qui a pu s'emparer de "cinq sacs de pois chiches et cinq kilos de riz".
"Environ 47 personnes ont été blessées", "la plupart par balles", tirées par l'armée israélienne, selon le Bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens occupés.
L'armée israélienne a reconnu des "tirs de sommation en l'air" de ses soldats, "à l'extérieur" du centre de la GHF, mais "en aucun cas vers les gens". La GHF a aussi démenti tout tir vers la foule.
L'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon a attribué devant le Conseil de sécurité la responsabilité de ce chaos au Hamas, l'accusant d'avoir tenté de "bloquer" l'accès au centre de distribution avec des barrages routiers. Et "l'ONU a maintenant activement rejoint le Hamas pour tenter de bloquer cette aide", a-t-il affirmé. "L'ONU utilise les menaces, l'intimidation et les représailles contre les ONG qui ont choisi de participer au nouveau mécanisme humanitaire", a-t-il ajouté.
GHF ne "respecte pas les principes humanitaires" selon l'ONU
Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU, a redit mercredi le refus des Nations unies de travailler avec la nouvelle fondation, dont les opérations, affirment-ils, "ne respectent pas nos principes humanitaires". Il a également assuré que l'ONU faisait tout son possible pour récupérer l'aide arrivée via le point de passage de Kerem Shalom.
"Depuis la semaine dernière, environ 900 camions ont été soumis à l'accord d'Israël, 800 ont été approuvés mais seulement 500 ont pu être déchargés côté israélien de Kerem Shalom et encore moins ont pu passer côté palestinien, où nous et nos partenaires avons pu collecter un peu plus de 200 d'entre eux, freinés par l'insécurité et un accès restreint", a déclaré Stéphane Dujarric.
"Si nous ne pouvons pas collecter ces biens, je peux vous dire une chose, ce n'est pas parce que nous n'essayons pas", a-t-il martelé.