Gaza: l'ONU rapporte que 150.000 personnes ont fui Khan Younès pour la seule journée de lundi

Des civils palestiniens quittent les quartiers est de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, après les ordres d'évacuation de l'armée israélienne, le 22 juillet 2024 - Bashar TALEB / AFP
La guerre continue de faire rage. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) rapporte que plus de 150.000 personnes ont fui certaines zones de la ville gazaouie de Khan Younès pour la seule journée de ce lundi 22 juillet.
Située dans le sud de la bande de Gaza, Khan Younès est la cible d'une nouvelle offensive militaire israélienne visant à combattre "les efforts du Hamas pour y rassembler ses forces".
Depuis le 7 octobre dernier, la guerre menée par Israël en réponse à une attaque terroriste du Hamas a contraint la majorité des 2,4 millions de Gazaouis à se déplacer, alors que selon l'ONU aucun lieu n'est sûr à Gaza. "Plus de 80% de la bande de Gaza a été placée sous ordre d'évacuation ou désignée comme zone interdite par l'armée israélienne", détaille à la BBC Louise Wateridge, responsable de l'UNRWA, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens.
Déplacements forcés
Ce lundi, l'armée israélienne a émis un ordre d'évacuation concernant l'est de Khan Younès, notamment la zone humanitaire d'al-Mawasi qui, selon elle, était utilisée par le Hamas pour mener des "activités terroristes et des tirs de roquettes".
L'OCHA déplore le temps très réduit entre le largage de tracts annonçant l'ordre d'évacuation et l'escalade des opérations militaires, qui a fait courir des risques importants aux personnes en fuite, certaines contraintes de partir sans leurs biens et d'autres se retrouvant piégées dans la zone.
En outre, ces déplacés fuient vers des zones avec peu ou pas d'infrastructures - où l'accès aux abris, à la santé, à l'assainissement ou à d'autres formes d'aide humanitaire vitale est très limité.
"Nous voyons des gens se déplacer vers Deir al-Balah et l'ouest de Khan Younès. Ces deux zones sont déjà extrêmement surpeuplées", indique Louise Wateridge.

"On préférerait mourir"
L'ONU souligne également que ces évacuations compromettent les opérations humanitaires. Selon l'OCHA, la zone concernée comprenait des centres de santé et des points de distribution de nourriture.
"J'ai été déplacé 12 fois depuis le 7 octobre. Nous avons vécu la nuit la plus difficile de notre vie. Le bruit des explosions et des tirs ne s'est pas arrêté un instant. C'était comme si la guerre avait commencé hier", raconte à la BBC Rabah Abdul Ghafour, qui s'est réfugié à l'hôpital Nasser.
"Nous avons été déplacés tellement de fois que j'ai perdu le compte", déplore à l'AFP un habitant de Khan Younès. "On en est arrivé à un point où on préférerait mourir", lâche un peu plus loin une Palestinienne.
Les bombardements israéliens ont visé Khan Younès mais également et Rafah, au sud et ainsi que Jabalia et la ville de Gaza, au nord.
Grave risque d'épidémies
Plus de 39.000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre avec Israël, désormais dans son dixième mois, selon le ministère de la Santé du territoire.
Ce mardi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite inquiète de possibles épidémies à Gaza, notamment du virus hautement infectieux de la polio après que des traces ont été trouvées dans les eaux usées.
14.000 personnes pourraient avoir besoin d'une évacuation médicale hors du territoire qui manque de tout.

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés" dans le complexe médical Nasser après les nouveaux bombardements ce lundi à Khan Younès, dans un contexte de "grave pénurie de réserves de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux".
Seulement 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels. Huit des dix hôpitaux de campagne sont opérationnels, dont quatre seulement partiellement.
Dans une telle situation, "il se peut que davantage de personnes meurent de maladies transmissibles que des blessures" liées à la guerre, a averti le Dr Ayadil Saparbekov, chef d'équipe à l'OMS.
Des négociations
Avec le Qatar et l'Égypte, Washington tente de relancer les négociations pour un cessez-le-feu associé à une libération des otages. Une délégation israélienne est attendue ce jeudi à Doha.
Accentuant la pression sur leur gouvernement, une foule d'Israéliens a de nouveau manifesté mardi soir à Tel-Aviv pour réclamer un accord garantissant la libération des otages.
"Scellez l'accord", peut-on lire sur des pancartes.
Ce lundi, le Forum des otages a annoncé la mort de deux hommes enlevés le 7 octobre, Voyage Bucheuse, 35 ans, et Alex Dancing, 76 ans. Ces décès sont un "sévère rappel de l'urgence" à libérer les otages, a déclaré le Forum, sans préciser les circonstances de leur mort.
Netanyahu aux États-Unis
De son côté, en visite aux États-Unis, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit prononcer ce mercredi un discours devant le Congrès avant de rencontrer dans la semaine le président Joe Biden, la vice-présidente Kamala Harris et l'ex-président américain Donald Trump, ces deux derniers concourant pour la présidentielle de novembre.
Allié d'Israël et important soutien militaire, Washington s'est agacé des conséquences de l'offensive israélienne à Gaza, insistant sur la protection des civils et l'entrée de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé par Israël depuis plus de neuf mois et menacé de famine selon l'ONU.