Jean-Yves Le Drian estime que le Liban "est en danger de mort"

L'ancien ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, le 25 septembre 2023 à Paris. - JULIEN DE ROSA / AFP
La situation au Moyen-Orient inquiète Jean-Yves Le Drian. Dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche, l’ancien ministre des Affaires étrangères estime que "le Liban est en danger de mort" et de "dislocation".
Depuis plusieurs semaines, l’escalade entre Israël d’une part, l’Iran et le Hezbollah de l’autre, fait craindre une situation incontrôlable au Moyen-Orient, et notamment au Liban où les frappes et les tentatives d’infiltration de troupes israéliennes se multiplient sur, selon Tsahal, les sites du Hezbollah.
Pour Jean-Yves Le Drian, le Liban est devenu "le champ clos de l’affrontement entre Israël et l’Iran". "A cela s’ajoutent la pauvreté, une dégradation économique considérable qui empêche l’Etat de subvenir aux besoins des Libanais. Or, à cause de la guerre, 1 million d’habitants sur une population de 5,5 millions sont aujourd’hui déplacés”, rappelle l’homme politique envoyé par Emmanuel Macron à Beyrouth en septembre dernier afin de rencontrer des dirigeants du pays.
"Il faut parler au Hezbollah"
Une situation alarmante, marquée "par la paralysie de la vie politique", note l’ancien ministre des Affaires étrangères français, rappelant "le risque de guerre civile". Jean-Yves Le Drian estime nécessaire "qu’une personnalité incarne le pays et défende son intégrité" tandis que les responsables libanais ne parviennent pas à s'entendre sur le nom du président de la République.
Dans cet entretien, Jean-Yves Le Drian explique vouloir, avec ses partenaires internationaux, "éviter" que la partie armée du Hezbollah "maintienne sa pression sur Israël".
S’il qualifie "d’organisation terroriste" la branche armée de la formation libanaise, l’ancien ministre des Affaires étrangères estime que sa branche politique est à un acteur à prendre en compte dans les négociations.
"Il faut lui parler et moi-même je lui parle, parce qu’elle est représentée au Parlement libanais et qu’une partie des chiites s’y retrouvent", détaille-t-il.
Pour Jean-Yves Le Drian, il faut mettre le Hezbollah "maintenant au pied du mur" par le biais "du cessez-le-feu et par des négociations sur la résolution 1701".
"La possibilité d'un embrasement régional est réelle"
Interrogé sur les déclarations d’Emmanuel Macron qui s’est prononcé la semaine dernière pour l’arrêt des livraisons d’armes à Israël utilisées à Gaza, Jean-Yves le Drian relève une "contradiction entre une exigence répétée de cessez-le-feu et l’acheminement permanent d’armes qui frappent la population à Gaza". Et d’ajouter: "tant que cette contradiction ne sera pas levée, on alimentera cette logique de guerre perpétuelle".
Aujourd’hui, "la possibilité d’un embrasement régional est réelle et il faut souhaiter que la riposte israélienne soit ciblée et proportionnée", appuie l’ancien ministre des Affaires étrangères.