Qui est Mike Huckabee, l'ambassadeur américain qui propose de "détacher un morceau de la Côte d'Azur" pour "créer un État palestinien"

Âgé de 69 ans, cet ancien gouverneur de l'Arkansas et pasteur baptiste a été nommé en avril 2025 ambassadeur américain en Israël. Il s'est déjà exprimé à plusieurs reprises contre la création d'un État palestienien et rejeté le mot "colonies".

Face au changement de ton d'Emmanuel Macron à l'encontre de Benjamin Netanyahu, l'ambassadeur américain en Israël s'est permis une "suggestion". Le président français a ouvert mercredi 9 avril la voie à une reconnaissance par la France de l'État palestinien, moyen de soutenir une solution "à deux États" au Moyen-Orient, prenant ainsi un peu plus ses distances avec le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu.

"Si la France est vraiment si déterminée à voir un État palestinien, j'ai une suggestion à lui faire: détacher un morceau de la Côte d'Azur et créer un État palestinien. Ils (les Français) sont les bienvenus pour faire cela, mais ils ne sont pas les bienvenus pour imposer ce genre de pression sur une nation souveraine", lui a rétorqué Mike Huckabee, ambassadeur américain en Israël.

"Le peuple israélien l'aime"

La nomination de cet ancien gouverneur de l'Arkansas par Donald Trump a été confirmée le 10 avril dernier par le Sénat américain. Deux fois candidat à la présidence des États-Unis en 2008 et 2016, il s'était déjà rendu plusieurs dizaines de fois en Israël, selon The Times of Israël.

"Il va être fantastique, il va ramener le bacon à la maison (une expression qui signifie avoir du succès, ndlr), (...) félicitations à Mike Huckabee", a déclaré le président américain le jour de sa nomination.

"Il aime Israël et le peuple israélien, et de même, le peuple israélien l'aime", a-t-il ajouté dans un communiqué.

"Il n'existe pas de Palestinien"

Âgé de 69 ans, l'ancien pasteur baptiste conservateur se définit comme sioniste chrétien. "C'est l'opportunité de jouer un rôle stratégique dans la sécurité d'Israël et du peuple juif parce que je crois inconditionnellement en la Bible, je prends au sérieux le chapitre 12 de la Genèse, qui nous rappelle que Dieu bénira ceux qui bénissent Israël, et maudira ceux qui maudissent Israël", s'était-il réjouit en novembre dernier, rappelle La Vie.

Les positions de Mike Huckabee s'inscrivent dans la lignée de la politique pro-israélienne menée par Donald Trump. Selon CNN, l'homme s'est opposé à plusieurs reprises par le passé à la création d'un État palestinien, allant jusqu'à nier l'existence d'une nation palestinienne.

En 2008, il déclarait lors de sa campagne pour l'élection présidentielle "qu'en fait il n'existe pas, je dois être prudent en le disant car des gens pourraient être contrariés, il n'existe pas de Palestinien".

Lors de sa deuxième campagne en 2015, il avait aussi suggéré que si un État palestinien devait être crée, il devrait être en Éypte, en Syrie ou en Jordanie, plutôt qu'à l'inérieur des frontières israéliennes.

Rejet du mot "colonies"

Mike Huckabee s'est aussi montré en faveur des colonies d'Israël, notamment en Cisjordanie où il a posé en 2017 la première pierre d'un nouveau quartier dans l'une des colonies, toujours selon CNN. Il avait d'ailleurs rejeté l'utilisation du mot "colonies", et estimé que ce territoire appartenait à Israël.

"La Cisjordanie n'existe pas. C'est la Judée-Samarie. Il n'y a pas de colonie. Ce sont des communautés, des quartiers, des villes. Il n'y a pas d'occupation", avait-il martelé.

Lors de sa nomination, Mike Huckabee a dit devant le Sénat ne pas être là pour "exprimer ou même défendre mes propres opinions ou politiques, mais plutôt pour me présenter comme quelqu’un qui respectera et représentera le président élu à une écrasante majorité".

Il a aussi avancé le "privilège" d'être nommé pour dire au peuple israélien: "Vous ne traverserez jamais seuls ce que vous avez traversé", en référence à l’attaque du Hamas du 7 octobre.

Plusieurs responsables israéliens se sont réjouis de sa nomination à l'ambassade américaine, comme le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, qui s'est dit "convaincu" qu'avec lui ils allaient "renforcer la sécurité et la puissance d'israël et consolider l'emprise sur tous ses territoires", ou le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar qui a dit vouloir travailler à "un renforcement des liens entre nos peuples".

Emilie Roussey