Nucléaire iranien: Israël va tout faire pour modifier l'accord

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 3 avril 2015. - Debbie Hill - AFP
A l'annonce de l'accord sur le nucléaire iranien entre Téhéran et les grandes puissances, conclu jeudi soir à Lausanne, Israël n'a pas caché son mécontentement. Considérant qu'il s'agit d'un pas dans une direction très dangereuse, qui "menace la survie" de l'Etat hébreu, Israël a ainsi qualifié cet accord d'"erreur historique". Ce vendredi, le pays a ajouté qu'il ferai tout son possible pour que l'accord soit modifié.
Pression pour un "meilleur accord"
Dès ce vendredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devait réunir ses collaborateurs pour des consultations sur les questions de sécurité. Mais pour les experts, les options de celui qui a été l'un des plus bruyants détracteurs des négociations sur le nucléaire iranien sont limitées. Ce qui ne l'empêche pas de vouloir continuer à peser sur l'accord avant sa conclusion finale, afin d'obtenir des modifications.
"Israël exige que tout accord final avec l'Iran inclue une reconnaissance iranienne claire et sans ambiguïté du droit à l'existence d'Israël", a ainsi dit le Premier ministre ce vendredi, cité dans un communiqué de ses services. "L'alternative à cet accord-cadre qui est un mauvais accord (...) est un meilleur accord, un accord qui démantèle de façon significative les infrastructures nucléaires militaires de l'Iran, qui exige de l'Iran qu'il change de comportement, qu'il cesse ses agressions dans la région, qu'il arrête de soutenir le terrorisme dans le monde entier, et qu'il cesse ses appels répétés à la destruction d'Israël", a déclaré ce vendredi son porte-parole.
L'option militaire peu vraisemblable
Avec la conclusion de cet accord-cadre, la position d'Israël a été marginalisée, et Benjamin Netanyahu doit maintenant réajuster le tir. Pour les analystes, des frappes préventives contre les installations iraniennes semblent très invraisemblables, malgré les propos de principe répétés jeudi par le ministre des Renseignements Youval Steinitz, un proche de Benjamin Netanyahu, selon lesquels l'option militaire restait sur la table en dernier ressort.
Ce vendredi, Benjamin Netanyahu a lui-même écarté cette option en disant: "Certains pensent que la seule alternative à cet accord, c'est la guerre. Ce n'est pas vrai. Il y a une troisième possibilité: rester ferme, accroître la pression sur l'Iran jusqu'à ce qu'on parvienne à un bon accord".
La crainte d'un retour en force de l'Iran
L'une des grandes inquiétudes d'Israël concerne le retour en grâce de l'Iran, et la légitimation d'un Etat où les appels à la destruction d'Israël font partie de la rhétorique officielle. Et ce d'autant plus que Téhéran soutient les grands ennemis entourant Israël: la Syrie, les mouvements Hezbollah au Liban et Hamas dans la bande de Gaza.
Par ailleurs, pour de nombreux commentateurs israéliens, la signature de l'accord est une "trahison" des Etats-Unis, grand allié d'Israël. "Nos amis à Washington nous ont vendus, ainsi que leurs autres alliés au Moyen-Orient", analyse le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot.
Des espoirs placés dans le Congrès américain
Le 3 mars dernier, Benjamin Netanyahu n'avait pas hésité à défier la Maison Blanche en allant dire devant le Congrès américain tout le mal qu'il pensait des tractations entre les grandes puissances et l'Iran. Cet épisode a contribué à l'une des pires crises dans les relations entre Israël et les Etats-Unis.