Nucléaire iranien: les coulisses d'un accord historique

Les représentants des grandes puissances, dont le ministre français Laurent Fabius, ont négocié l'accord sur le nucléaire avec l'Iran. - Brendan Smialowski - AFP
Ce fut long et difficile. Mais jeudi, les grandes puissances et l'Iran sont enfin tombés sur un accord sur le nucléaire iranien. Après huit journées et plusieurs nuits blanches de discussions, bien au-delà de la date butoir initialement fixée à mardi soir minuit, tout s'est joué sur un fil.
Avant que les délégations ne s'accordent une brève pause jeudi au petit matin, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a multiplié les entretiens durant la nuit avec ses homologues iranien Mohammad Javad Zarif, français Laurent Fabius et allemand Frank-Walter Steinmeier.
Le tout sous une forte pression extérieure, la Maison-Blanche s'était dite prête à quitter les pourparlers si nécessaire. Laurent Fabius a, lui, quitté les discussions mercredi aux premières heures, officiellement pour assister au Conseil des ministres à Paris. Selon des diplomates, les négociations s'étaient alors nettement compliquées.
Un processus diplomatique long et complexe
L'accord d'étape de Lausanne, qui reste fragile et doit encore être concrétisé par un règlement définitif d'ici la fin juin, s'inscrit dans un processus diplomatique particulièrement long et complexe qui remonte à la fin 2012, quand de hauts responsables iraniens ont commencé à réfléchir à la possibilité de rouvrir des discussions avec Washington en raison de l'impact des sanctions occidentales imposées à Téhéran pour limiter ses activités nucléaires jugées suspectes.
Des membres de l'entourage du guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, se lassaient alors de plus en plus de la politique de confrontation du président Mahmoud Ahmadinejad avec les Occidentaux et Israël. Quelques mois avant la présidentielle de 2013, lors d'une réunion secrète entre Khamenei et un petit groupe de hauts responsables, la question de la succession d'Ahmadinejad est abordée et tous s'accordent sur le nom de Hassan Rohani. "Son mandat était d'améliorer l'économie, touchée par les sanctions et la mauvaise gestion d'Ahmadinejad", rappelle un responsable iranien.
Les relations diplomatiques relancées
Après l'élection de Rohani, le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a pris contact avec un certain nombre de responsables américains qu'il connaissait, dont le secrétaire d'Etat John Kerry. Malgré ses suspicions à l'égard des Américains, Ali Khamenei a apporté son soutien à ces négociations au nom des intérêts économiques du pays.
Hassan Rohani a rencontré John Kerry dès septembre 2013, peu après avoir obtenu un vote de confiance au parlement de Téhéran. Il a eu un entretien téléphonique avec Barack Obama, historique car il s'agissait du premier entre présidents américain et iranien depuis la rupture des liens diplomatiques entre les deux pays en 1980.
Après plusieurs rencontres secrètes, les deux parties ont alors convenu de relancer des discussions entamées en 2006 mais abandonnées par la suite face au constat de l'impossibilité d'un compromis sous la présidence Ahmadinejad.
L'Iran compte sur... le gendre de Kerry
A alors commencé une année et demie de discussions à Genève, Vienne, Lausanne, New York et ailleurs, qui ont modifié subtilement les relations entre Washington et Téhéran. Une rencontre entre hauts responsables des deux pays n'était plus en soi un événement et leurs diplomates ont appris à se connaître.